Eglises d’Asie, 29 juin 2010 – Contrastant avec le silence absolu observé au cours de l’affaire de la démission de l’archevêque de Hanoi, la presse officielle vietnamienne a donné une très large publicité aux récentes négociations Vietnam-Vatican menées à Rome les 23 et 24 juin dernier. Les principaux journaux vietnamiens avaient annoncé le départ de la délégation vietnamienne pour Rome, le 21 juin. Ils ont également publié, dès le 26 juin, la version vietnamienne de ce qu’ils ont appelé « communiqué commun », alors que le texte original en anglais était publié quelques heures plus tard par la salle de presse du Saint-Siège sous le titre: « Communiqué de la Secrétairerie d’Etat » (1). La plupart des journaux du 29 juin ont également fait paraître dans la matinée, l’interview du chef de la délégation vietnamienne, le vice-ministre des Affaires étrangères Nguyên Quôc Cuong, à l’agence de presse officielle Vietnam News Agency (Thông tân xa Việt Nam, TTXVN) (2).

Le titre donné par le site Internet gouvernemental à la dépêche reprenant les propos du vice-ministre des Affaires étrangères donne le ton de l’interview: « Le Vatican prend note franchement: jamais encore, au cours de toutes les périodes de l’histoire qui ont précédé, le catholicisme n’avait bénéficié de conditions d’un développement aussi puissant qu’aujourd’hui ». Le chef de la délégation vietnamienne énumère au cours de l’entretien les marques de ce « développement puissant ». L’Eglise catholique du Vietnam, la seconde en importance en Asie, avec ses 7 millions de fidèles, ses 26 diocèses, ses 10 000 établissements de culte, ses 47 évêques et archevêques, ses 4 000 prêtres, 16 000 religieuses et religieux appartenant à plus de 100 congrégations, ses six séminaires, est dans une situation qu’elle n’a jamais connue auparavant. A cela, le haut fonctionnaire ajoute les divers événements importants qui ont marqué la vie de l’Eglise ces temps derniers, en particulier la célébration solennelle de l’année jubilaire.

Cette prospérité exceptionnelle de l’Eglise, selon Nguyên Quôc Cuong, est due, du moins en partie, à la politique religieuse menée par l’Etat et aussi à l’attention que celui-ci porte aux besoins véritables de la communauté catholique. Sans faire la moindre allusion aux conflits de propriétés qui ont marqué, ces temps derniers, les rapports des autorités civiles avec divers diocèses, il affirme au contraire qu’en différentes provinces comme à Dac Lac, Buon Ma Thuôt, Da Nang, Quang Tri (La Vang), les autorités ont fourni à l’Eglise des dizaines de milliers d’hectares de terrain pour y aménager des lieux de culte. En réalité, dans la plupart de ces endroits, il s’agissait en fait de restitutions.

Le vice-ministre des Affaires étrangères a aussi repris plusieurs thèmes déjà mentionnés dans le communiqué sans y ajouter de commentaires significatifs. Il signale l’accord sur la nomination d’un représentant non résident du Saint-Siège pour le Vietnam, en précisant que son rôle consistera à « dialoguer » au sujet de questions pastorales et d’autres thèmes en rapport avec celles-ci. Il affirme que cet accord sur la nomination d’un représentant est tenu par Mgr Mamberti, secrétaire pour les relations avec les Etats à la Secrétairerie d’Etat, comme un événement historique. Lui-même se dit plein d’espoir pour l’avenir des relations entre le Saint-Siège et son gouvernement.

(1) Le Saint-Siège ne publie que très exceptionnellement des « communiqués conjoints ». Le texte diffusé le 26 juin 2010 par la salle de presse du Saint-Siège peut être qualifié de « commun » au sens où chacune des parties avait publié, l’une un texte en anglais, l’autre un texte en vietnamien dont le contenu était – presque – identique. C’est en reprenant le premier texte en vietnamien qu’Eglises d’Asie a parlé par erreur de « communiqué commun ».
(2) http://baodientu.chinhphu.vn/Home/Dang-va-Nha-nuoc-Viet-Nam-luon-trong-tu-do-tin-nguong-ton-giao/20106/32965.vgp
ou http://www.cpv.org.vn/cpv/Modules/News/NewsDetail.aspx?co_id=30106&cn_id=410484#tT79eC0vNQr0

(Source: Eglises d'Asie, 29 juin 2010)