La campagne de dénigrement des catholiques s’est apaisée mais le procès de plusieurs fidèles de Thai Ha se prépare
L’absence de déclarations publiques et l’interruption de la campagne de dénigrement des catholiques de Hanoi dans les médias officiels ne signifient pas que les autorités ont choisi de laisser tranquille les catholiques qui ont pris part aux manifestations de prière de ces dernières semaines. De nombreux signes montrent qu’un procès se prépare pour juger des catholiques de Thai Ha. Par ailleurs, les responsables politiques du pays comme ceux de la capitale ont, chacun à leur manière, laissé transparaître leurs préoccupations concernant l’attitude et le sentiment des catholiques à l’égard du pouvoir.
Le procès des huit fidèles de la paroisse de Thai Ha inculpés le 21 septembre dernier ne saurait tarder. Au moment de leur inculpation, deux d’entre eux avaient été placés en résidence surveillée, les six autres avaient été placés en détention. A l’exception de deux inculpés encore en prison, quatre catholiques ont été l’un après l’autre libérés de prison, avec obligation de rester à leur domicile jusqu’au procès. Selon des renseignements recueillis par Radio Free Asia (émissions en langue vietnamienne) (2), la Sûreté publique de l’arrondissement Dong Da de Hanoi vient de leur faire savoir que l’instruction de leurs cas était terminée, le dossier transmis au parquet populaire et le procès prêt à être tenu. Les six inculpés en résidence surveillée ont, en effet, été convoqués, le 20 octobre dernier, par la Sûreté, qui leur a communiqué les résultats de l’enquête et leur a signifié leur inculpation. Ils étaient jusqu’alors sous le coup d’une double accusation: destructions de biens appartenant à l’entreprise Chiên Thang (1) et troubles à l’ordre public. Les agents de la Sûreté leur ont appris que l’accusation de « destruction de biens d’une entreprise » avait été abandonnée et que seule l’accusation de troubles à l’ordre public était retenue. On ne sait pas si les deux fidèles encore en prison, à savoir Mme Nguyên Thị Nhi, et Mme Ngô Thị Dung, bénéficieront, elles aussi, de cette réduction de l’accusation. Elles n’étaient pas présentes au siège de la Sûreté avec les autres personnes convoquées et, pour le moment, sont totalement isolées.
D’autres signes montrent que le conflit avec les catholiques n’a pas quitté le champ des préoccupations des responsables politiques. La semaine dernière, à Hô Chi Minh-Ville, la Fédération du travail a envoyé aux sections syndicales de tous les niveaux, un document demandant aux adhérents de propager un texte officiel, rédigé à l’issue de la rencontre de la délégation épiscopale et du Premier ministre à la fin du mois de septembre dernier. On pouvait y lire que ce dernier « était mécontent des actes incorrects de l’archevêque de Hanoi », lequel devait « très sérieusement réexaminer son comportement ». Plusieurs syndicalistes de religion catholique ont exprimé leur désapprobation dans des confidences à des journalistes étrangers (3).
On peut aussi, sans doute, attribuer à l’influence de ce même conflit, la multiplication des références à la politique religieuse gouvernementale dans les déclarations de hauts responsables. C’est ainsi que le 16 octobre dernier, dans un discours fleuve prononcé à l’Assemblée nationale pour rendre compte de l’exercice du pouvoir durant ces douze derniers mois (4), le Premier ministre Nguyên Tân Dung n’a pu éviter les allusions indirectes à cette affaire, même si le sujet principal était l’état de l’économie et des finances. Dans la partie consacrée au bilan positif, le chef du gouvernement relève la bonne application de la politique religieuse gouvernementale et le fait « d’avoir résolument sanctionné, conformément à la loi, les actions attentant à l’ordre public et à la paix sociale ». Au chapitre du négatif, après avoir noté que certaines plaintes ont attiré beaucoup de monde et se sont prolongées longtemps, le discours du Premier ministre rappelle que « des forces hostiles et des mauvais éléments se sont servis de la démocratie, des droits de l’homme et de la religion. Ils ont encouragé les plaintes de nombreuses personnes, les manifestations exprimant des revendications illégales, créant des troubles dans la société et suscitant des divisions au sein de l’unité nationale ».
On peut voir une autre manifestation de l’actuelle préoccupation des responsables politiques dans le bilan dressé, le 21 octobre dernier, par la section du Parti communiste de Hanoi, dont le maire actuel est le secrétaire adjoint. Le bilan fait le point sur cinq ans d’application à Hanoi de la résolution du VIIe plénum (après le neuvième congrès) (5). Une partie de la résolution est consacrée au travail religieux. C’est sur ce point qu’insiste le bilan. Celui-ci, certes, ne fait aucune allusion aux manifestations de prières; il s’efforce au contraire de souligner les résultats positifs enregistrés, parmi lesquels la construction et la restauration de lieux de culte. Le constat le plus étonnant contenu dans ce rapport de la section communiste de la capitale est la multiplication des adhésions de catholiques au Parti communiste au cours de ces cinq dernières années… Il y aurait, selon le bilan publié, 1 836 catholiques membres du Parti pour la seule province de Hà Tay, province située aux portes sud-ouest de la capitale vietnamienne.
(1) Entreprise à laquelle le gouvernement avait attribué le terrain de la paroisse.
(2) Radio Free Asia, émission en langue vietnamienne du 22 octobre 2008.
(3) Radio Free Asia, émission en langue vietnamienne du 21 octobre 2008.
(4) Voir le Nhân Dân du 17 octobre 2008.
(5) Voir le Nhân Dân du 21 octobre 2008.
(Source: Eglises d'Asie, 24 octobre 2008)
L’absence de déclarations publiques et l’interruption de la campagne de dénigrement des catholiques de Hanoi dans les médias officiels ne signifient pas que les autorités ont choisi de laisser tranquille les catholiques qui ont pris part aux manifestations de prière de ces dernières semaines. De nombreux signes montrent qu’un procès se prépare pour juger des catholiques de Thai Ha. Par ailleurs, les responsables politiques du pays comme ceux de la capitale ont, chacun à leur manière, laissé transparaître leurs préoccupations concernant l’attitude et le sentiment des catholiques à l’égard du pouvoir.
Le procès des huit fidèles de la paroisse de Thai Ha inculpés le 21 septembre dernier ne saurait tarder. Au moment de leur inculpation, deux d’entre eux avaient été placés en résidence surveillée, les six autres avaient été placés en détention. A l’exception de deux inculpés encore en prison, quatre catholiques ont été l’un après l’autre libérés de prison, avec obligation de rester à leur domicile jusqu’au procès. Selon des renseignements recueillis par Radio Free Asia (émissions en langue vietnamienne) (2), la Sûreté publique de l’arrondissement Dong Da de Hanoi vient de leur faire savoir que l’instruction de leurs cas était terminée, le dossier transmis au parquet populaire et le procès prêt à être tenu. Les six inculpés en résidence surveillée ont, en effet, été convoqués, le 20 octobre dernier, par la Sûreté, qui leur a communiqué les résultats de l’enquête et leur a signifié leur inculpation. Ils étaient jusqu’alors sous le coup d’une double accusation: destructions de biens appartenant à l’entreprise Chiên Thang (1) et troubles à l’ordre public. Les agents de la Sûreté leur ont appris que l’accusation de « destruction de biens d’une entreprise » avait été abandonnée et que seule l’accusation de troubles à l’ordre public était retenue. On ne sait pas si les deux fidèles encore en prison, à savoir Mme Nguyên Thị Nhi, et Mme Ngô Thị Dung, bénéficieront, elles aussi, de cette réduction de l’accusation. Elles n’étaient pas présentes au siège de la Sûreté avec les autres personnes convoquées et, pour le moment, sont totalement isolées.
D’autres signes montrent que le conflit avec les catholiques n’a pas quitté le champ des préoccupations des responsables politiques. La semaine dernière, à Hô Chi Minh-Ville, la Fédération du travail a envoyé aux sections syndicales de tous les niveaux, un document demandant aux adhérents de propager un texte officiel, rédigé à l’issue de la rencontre de la délégation épiscopale et du Premier ministre à la fin du mois de septembre dernier. On pouvait y lire que ce dernier « était mécontent des actes incorrects de l’archevêque de Hanoi », lequel devait « très sérieusement réexaminer son comportement ». Plusieurs syndicalistes de religion catholique ont exprimé leur désapprobation dans des confidences à des journalistes étrangers (3).
On peut aussi, sans doute, attribuer à l’influence de ce même conflit, la multiplication des références à la politique religieuse gouvernementale dans les déclarations de hauts responsables. C’est ainsi que le 16 octobre dernier, dans un discours fleuve prononcé à l’Assemblée nationale pour rendre compte de l’exercice du pouvoir durant ces douze derniers mois (4), le Premier ministre Nguyên Tân Dung n’a pu éviter les allusions indirectes à cette affaire, même si le sujet principal était l’état de l’économie et des finances. Dans la partie consacrée au bilan positif, le chef du gouvernement relève la bonne application de la politique religieuse gouvernementale et le fait « d’avoir résolument sanctionné, conformément à la loi, les actions attentant à l’ordre public et à la paix sociale ». Au chapitre du négatif, après avoir noté que certaines plaintes ont attiré beaucoup de monde et se sont prolongées longtemps, le discours du Premier ministre rappelle que « des forces hostiles et des mauvais éléments se sont servis de la démocratie, des droits de l’homme et de la religion. Ils ont encouragé les plaintes de nombreuses personnes, les manifestations exprimant des revendications illégales, créant des troubles dans la société et suscitant des divisions au sein de l’unité nationale ».
On peut voir une autre manifestation de l’actuelle préoccupation des responsables politiques dans le bilan dressé, le 21 octobre dernier, par la section du Parti communiste de Hanoi, dont le maire actuel est le secrétaire adjoint. Le bilan fait le point sur cinq ans d’application à Hanoi de la résolution du VIIe plénum (après le neuvième congrès) (5). Une partie de la résolution est consacrée au travail religieux. C’est sur ce point qu’insiste le bilan. Celui-ci, certes, ne fait aucune allusion aux manifestations de prières; il s’efforce au contraire de souligner les résultats positifs enregistrés, parmi lesquels la construction et la restauration de lieux de culte. Le constat le plus étonnant contenu dans ce rapport de la section communiste de la capitale est la multiplication des adhésions de catholiques au Parti communiste au cours de ces cinq dernières années… Il y aurait, selon le bilan publié, 1 836 catholiques membres du Parti pour la seule province de Hà Tay, province située aux portes sud-ouest de la capitale vietnamienne.
(1) Entreprise à laquelle le gouvernement avait attribué le terrain de la paroisse.
(2) Radio Free Asia, émission en langue vietnamienne du 22 octobre 2008.
(3) Radio Free Asia, émission en langue vietnamienne du 21 octobre 2008.
(4) Voir le Nhân Dân du 17 octobre 2008.
(5) Voir le Nhân Dân du 21 octobre 2008.
(Source: Eglises d'Asie, 24 octobre 2008)