L’Eglise catholique a joint sa voix à celles d'Amnesty International et d’autres associations militant contre la peine de mort pour condamner la reprise des exécutions en Thaïlande après six années d’interruption. Le 10 octobre dernier, l’Eglise catholique de Thaïlande a affiché solennellement...
... sa position abolitionniste en participant à la Journée mondiale contre la peine capitale, avec d’autres mouvements et associations abolitionnistes. « Nous luttons contre le suicide parce que la vie est précieuse et sacrée. Alors d’autant plus lorsqu’il s’agit de la peine de mort, qui est toujours en appliquée ici ! », a expliqué à cette occasion, Phokthavi Vilaiwan, 57 ans, directrice du département de Jesuit Refugee Service (JRS) pour les prisonniers étrangers.
« La loi thaïlandaise autorise la peine de mort, mais la plupart de ceux qui sont dans le couloir de la mort restent emprisonnés à vie », poursuit Phokthavi Vilaiwan. La sentence capitale est prononcée pour les homicides ou le trafic de drogue. Bien que ces peines soient prononcées de plus en plus fréquemment, dans le cadre de la lutte anti-drogue menée par le gouvernement depuis le début des années 2000, elles sont le plus souvent commuées en prison à vie après demande de grâce royale.
Phokthavi Vilaiwan précise que les tribunaux du pays ne statuent que sur la nature du crime et ne prennent pas en compte les éventuelles circonstances atténuantes: « Certaines personnes sont dans des réseaux de drogue parce qu’elles sont trop pauvres ou ont été contraintes par la force. »
En 2009, la Thaïlande a exécuté deux trafiquants de drogue par injection létale, premiers condamnés à subir la peine de mort depuis 2003 (1). Les exécutions avaient déjà été interrompues de 1987 à 1995.
Mgr Chaiyara Banchong, évêque catholique d’Ubon Ratchathani, a rappelé que la peine de mort s’inscrit contre l’enseignement de l’Eglise. « L’Eglise de Thaïlande s’oppose à la peine capitale (...) [et pense que] la loi ne devrait pas avoir le pouvoir de retirer la vie. L’emprisonnement à perpétuité est une peine suffisante », a affirmé le prélat qui est président de la Commission pour le développement social de l’épiscopat thaïlandais ainsi que le directeur de la Commission ‘Justice et Paix’ de l’Eglise catholique.
Un point de vue qui rejoint celui d'Amnesty International-Thaïlande: « La peine capitale est cruelle et inhumaine. Plusieurs gouvernements se justifient de l’utiliser en prétendant qu’elle décourage le crime. Mais il n’y a aucune statistique qui le démontre », plaide Boonridrerthaikul Parinya, qui dirige la section d'Amnesty International pour la Thaïlande. « Elle (la peine capitale) est souvent imposée de façon arbitraire ou comme moyen de répression », ajoute encore la présidente de l’ONG en Thaïlande, qui souligne que cette solution définitive est le plus souvent utilisée avec les pauvres et les membres de minorités ethniques ou religieuses. « C’est le symptôme d’une culture de violence, qui doit être abolie », conclut-elle.
Toutes les associations militant pour les droits de l’homme en Thaïlande soulignent que bien que la peine de mort soit a priori incompatible avec le bouddhisme, religion à laquelle adhère 90 % de la population, la majorité des Thaïlandais se disent favorables à son maintien.
Aujourd’hui, plus des deux tiers des nations ont aboli la peine de mort. Mais la plupart des pays qui ont toujours inscrit la peine capitale dans leur droit, ne l’utilisent plus. En 2009, dix-huit pays, dont une forte majorité se situe en Asie, ont exécuté 714 personnes. En tête de la liste noire d'Amnesty International des pays pratiquant le plus la peine capitale, la Chine détient le record absolu; parmi les autres pays asiatiques où est appliquée la peine de mort, on trouve le Bangladesh, la Corée du Nord, le Japon, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam (2).
(1) Bundit Charoenwanich et Jirawat Phumpruek ont été exécutés le 24 août 2009, à la prison de Bangkwang (Bangkok) où sont internés et exécutés tous les condamnés à mort. Cette reprise des exécutions en Thaïlande a entraîné une réaction de la communauté internationale dont l’Union européenne, qui a demandé dans une déclaration que « le gouvernement royal thaïlandais [abolisse] totalement la peine de mort et, en attendant, [instaure] un moratoire sur les exécutions (...) » (27 août 2009).
(2) Ucanews, 8 octobre 2010; Amnesty International; worldcoalition.org
(Source: Eglises d'Asie, 11 octobre 2010)
... sa position abolitionniste en participant à la Journée mondiale contre la peine capitale, avec d’autres mouvements et associations abolitionnistes. « Nous luttons contre le suicide parce que la vie est précieuse et sacrée. Alors d’autant plus lorsqu’il s’agit de la peine de mort, qui est toujours en appliquée ici ! », a expliqué à cette occasion, Phokthavi Vilaiwan, 57 ans, directrice du département de Jesuit Refugee Service (JRS) pour les prisonniers étrangers.
« La loi thaïlandaise autorise la peine de mort, mais la plupart de ceux qui sont dans le couloir de la mort restent emprisonnés à vie », poursuit Phokthavi Vilaiwan. La sentence capitale est prononcée pour les homicides ou le trafic de drogue. Bien que ces peines soient prononcées de plus en plus fréquemment, dans le cadre de la lutte anti-drogue menée par le gouvernement depuis le début des années 2000, elles sont le plus souvent commuées en prison à vie après demande de grâce royale.
Phokthavi Vilaiwan précise que les tribunaux du pays ne statuent que sur la nature du crime et ne prennent pas en compte les éventuelles circonstances atténuantes: « Certaines personnes sont dans des réseaux de drogue parce qu’elles sont trop pauvres ou ont été contraintes par la force. »
En 2009, la Thaïlande a exécuté deux trafiquants de drogue par injection létale, premiers condamnés à subir la peine de mort depuis 2003 (1). Les exécutions avaient déjà été interrompues de 1987 à 1995.
Mgr Chaiyara Banchong, évêque catholique d’Ubon Ratchathani, a rappelé que la peine de mort s’inscrit contre l’enseignement de l’Eglise. « L’Eglise de Thaïlande s’oppose à la peine capitale (...) [et pense que] la loi ne devrait pas avoir le pouvoir de retirer la vie. L’emprisonnement à perpétuité est une peine suffisante », a affirmé le prélat qui est président de la Commission pour le développement social de l’épiscopat thaïlandais ainsi que le directeur de la Commission ‘Justice et Paix’ de l’Eglise catholique.
Un point de vue qui rejoint celui d'Amnesty International-Thaïlande: « La peine capitale est cruelle et inhumaine. Plusieurs gouvernements se justifient de l’utiliser en prétendant qu’elle décourage le crime. Mais il n’y a aucune statistique qui le démontre », plaide Boonridrerthaikul Parinya, qui dirige la section d'Amnesty International pour la Thaïlande. « Elle (la peine capitale) est souvent imposée de façon arbitraire ou comme moyen de répression », ajoute encore la présidente de l’ONG en Thaïlande, qui souligne que cette solution définitive est le plus souvent utilisée avec les pauvres et les membres de minorités ethniques ou religieuses. « C’est le symptôme d’une culture de violence, qui doit être abolie », conclut-elle.
Toutes les associations militant pour les droits de l’homme en Thaïlande soulignent que bien que la peine de mort soit a priori incompatible avec le bouddhisme, religion à laquelle adhère 90 % de la population, la majorité des Thaïlandais se disent favorables à son maintien.
Aujourd’hui, plus des deux tiers des nations ont aboli la peine de mort. Mais la plupart des pays qui ont toujours inscrit la peine capitale dans leur droit, ne l’utilisent plus. En 2009, dix-huit pays, dont une forte majorité se situe en Asie, ont exécuté 714 personnes. En tête de la liste noire d'Amnesty International des pays pratiquant le plus la peine capitale, la Chine détient le record absolu; parmi les autres pays asiatiques où est appliquée la peine de mort, on trouve le Bangladesh, la Corée du Nord, le Japon, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam (2).
(1) Bundit Charoenwanich et Jirawat Phumpruek ont été exécutés le 24 août 2009, à la prison de Bangkwang (Bangkok) où sont internés et exécutés tous les condamnés à mort. Cette reprise des exécutions en Thaïlande a entraîné une réaction de la communauté internationale dont l’Union européenne, qui a demandé dans une déclaration que « le gouvernement royal thaïlandais [abolisse] totalement la peine de mort et, en attendant, [instaure] un moratoire sur les exécutions (...) » (27 août 2009).
(2) Ucanews, 8 octobre 2010; Amnesty International; worldcoalition.org
(Source: Eglises d'Asie, 11 octobre 2010)