Ouverte par une fondation protestante, la première prison privée du pays a pour ambition de faire chuter drastiquement le taux de récidive des détenus
Le 1er décembre dernier, à Yeoju, dans la province de Gyeonggi, à un peu moins de cent kilomètres à l’est de Séoul, la première prison privée du pays est entrée en fonctionnement, accueillant dans ses murs trente prisonniers. Outre le fait que l’établissement, nommé Prison Somang (‘Espoir’), est le premier établissement pénitentiaire géré par des intérêts privés, sa particularité principale est d’être animée par une fondation protestante,. ..
... la Fondation Agape, dont l’objectif affiché est, par un programme directement inspiré de valeurs chrétiennes, de faire chuter drastiquement le taux de récidive des condamnés.
En Corée du Sud, pays de 48 millions d’habitants – dont un tiers sont chrétiens (1) –, le ministère de la Justice gère un réseau de 53 prisons qui abritent quelque 76 000 détenus. Face à une surpopulation carcérale devenue chronique, le gouvernement a lancé des pistes de réforme visant à améliorer les conditions de détention et c’est à ce titre qu’en 2003, le ministère, sous l’impulsion de l’un de ses hauts responsables, Kim Seung-gyu, un chrétien, a passé un accord avec la Fondation Agape pour la construction d’une prison privée (2).
Lors d’un récent débat télévisé, le président de la fondation protestante, le Rév. Kim Sam-hwan, a exposé les raisons de l’engagement de son groupe dans l’initiative publique. « Près de la moitié des condamnés qui ont purgé leur peine dans les prisons du gouvernement et qui sont remis en liberté récidivent. Nous avons testé durant six années notre programme chrétien de réforme et chez les prisonniers qui l’ont suivi le taux de récidive n’excède pas 6 % », a-t-il expliqué, réfutant les critiques qui dénoncent à la fois l’engagement d’argent public au bénéfice d’une entreprise privée et le risque de prosélytisme auquel les prisonniers seront exposés.
Sur le plan financier, le ministère de la Justice tout comme la Fondation Agape ont fait valoir que les vastes bâtiments surgis de terre, sur un terrain d’un peu plus de vingt hectares, pour accueillir à terme 360 prisonniers ont été entièrement financés par la fondation protestante. La prison, construite selon des normes de confort et de sécurité supérieures à celles des établissements publics existants, a coûté 28,8 milliards de wons (19 millions d’euros), a précisé Kim Sam-hwan. Il a aussi ajouté que les coûts de fonctionnement seront couverts, à hauteur de 90 %, par le gouvernement, sans que celui-ci n’ait autorité sur la manière dont sera gérée et dirigée la Prison Somang. Quatre fonctionnaires du ministère de la Justice seront toutefois détachés auprès de la nouvelle prison.
Sur le plan des principes, des opposants au projet ont fait valoir que l’initiative violait le droit des prisonniers à être traités sur un pied d’égalité. En effet, expliquent-ils, seule une minorité de détenus pourra être sélectionnée pour purger sa peine dans cet établissement, laissant la majorité des autres dans une situation moins enviable. A cela, un responsable du ministère a répondu en déclarant: « Nous pensons que la participation de notre partenaire civil contribuera grandement à améliorer l’efficacité du système carcéral dans son ensemble et participera à l’amélioration des conditions de détention. »
Quant à l’accusation selon laquelle le gouvernement, en choisissant une organisation protestante, a fait preuve de favoritisme au profit d’un groupe religieux spécifique, elle est rejetée par le ministère de la Justice, qui assure qu’aucune considération religieuse n’a été prise en compte dans le processus de sélection du partenaire privé.
Pour le Rév. Kim Sam-hwan, l’une des clefs du succès de la Prison Somang est de fournir des programmes adaptés au profil de chaque détenu afin de favoriser sa réinsertion future. Forte d’une équipe de 600 intervenants extérieurs bénévoles, la prison proposera à ses détenus des ateliers personnalisés, des sessions de guérison fondées sur l’étude de la Bible, un programme de réconciliation entre condamnés et victimes, ainsi que des thérapies par l’expression musicale et artistique. Selon le pasteur protestant, il est clair, dès l’origine, que la prison n’est pas une entreprise menée « simplement pour accroître le nombre des protestants ». Réfutant le soupçon de prosélytisme, il souligne que les programmes proposés à Somang « ne présentent pas de difficulté en termes de liberté de conscience ou de liberté religieuse » car l’établissement n’acceptera que des détenus qui auront accepté de prendre part à ses programmes dans une perspective assumée de réinsertion.
Il est prévu que la prison n’accueille que des prisonniers masculins, âgés de 20 à 60 ans, dont c’est la première condamnation à une peine de prison ferme, laquelle ne devra pas excéder sept ans. A leur entrée dans l’établissement, les condamnés devront à avoir un minimum de douze mois de détention restant à effectuer. Les personnes condamnées pour trafic de drogue, atteinte à la sécurité publique ou participation au crime organisé ne sont pas éligibles au programme.
(1) L’Eglise catholique de Corée du Sud rassemble 10 % des Sud-Coréens, les différentes dénominations protestantes réunissant pour leur part près de 20 % des habitants.
(2) Prenant modèle sur ce qui se fait aux Etats-Unis et au Brésil, des groupes protestants sud-coréens demandaient depuis 1995 au gouvernement l’autorisation d’ouvrir des prisons gérées par des intérêts privés. L’Assemblée nationale a finalement voté un texte en ce sens en 1999.
(Sourcer: Eglises d'Asie, 8 décembre 2010)
Le 1er décembre dernier, à Yeoju, dans la province de Gyeonggi, à un peu moins de cent kilomètres à l’est de Séoul, la première prison privée du pays est entrée en fonctionnement, accueillant dans ses murs trente prisonniers. Outre le fait que l’établissement, nommé Prison Somang (‘Espoir’), est le premier établissement pénitentiaire géré par des intérêts privés, sa particularité principale est d’être animée par une fondation protestante,. ..
... la Fondation Agape, dont l’objectif affiché est, par un programme directement inspiré de valeurs chrétiennes, de faire chuter drastiquement le taux de récidive des condamnés.
En Corée du Sud, pays de 48 millions d’habitants – dont un tiers sont chrétiens (1) –, le ministère de la Justice gère un réseau de 53 prisons qui abritent quelque 76 000 détenus. Face à une surpopulation carcérale devenue chronique, le gouvernement a lancé des pistes de réforme visant à améliorer les conditions de détention et c’est à ce titre qu’en 2003, le ministère, sous l’impulsion de l’un de ses hauts responsables, Kim Seung-gyu, un chrétien, a passé un accord avec la Fondation Agape pour la construction d’une prison privée (2).
Lors d’un récent débat télévisé, le président de la fondation protestante, le Rév. Kim Sam-hwan, a exposé les raisons de l’engagement de son groupe dans l’initiative publique. « Près de la moitié des condamnés qui ont purgé leur peine dans les prisons du gouvernement et qui sont remis en liberté récidivent. Nous avons testé durant six années notre programme chrétien de réforme et chez les prisonniers qui l’ont suivi le taux de récidive n’excède pas 6 % », a-t-il expliqué, réfutant les critiques qui dénoncent à la fois l’engagement d’argent public au bénéfice d’une entreprise privée et le risque de prosélytisme auquel les prisonniers seront exposés.
Sur le plan financier, le ministère de la Justice tout comme la Fondation Agape ont fait valoir que les vastes bâtiments surgis de terre, sur un terrain d’un peu plus de vingt hectares, pour accueillir à terme 360 prisonniers ont été entièrement financés par la fondation protestante. La prison, construite selon des normes de confort et de sécurité supérieures à celles des établissements publics existants, a coûté 28,8 milliards de wons (19 millions d’euros), a précisé Kim Sam-hwan. Il a aussi ajouté que les coûts de fonctionnement seront couverts, à hauteur de 90 %, par le gouvernement, sans que celui-ci n’ait autorité sur la manière dont sera gérée et dirigée la Prison Somang. Quatre fonctionnaires du ministère de la Justice seront toutefois détachés auprès de la nouvelle prison.
Sur le plan des principes, des opposants au projet ont fait valoir que l’initiative violait le droit des prisonniers à être traités sur un pied d’égalité. En effet, expliquent-ils, seule une minorité de détenus pourra être sélectionnée pour purger sa peine dans cet établissement, laissant la majorité des autres dans une situation moins enviable. A cela, un responsable du ministère a répondu en déclarant: « Nous pensons que la participation de notre partenaire civil contribuera grandement à améliorer l’efficacité du système carcéral dans son ensemble et participera à l’amélioration des conditions de détention. »
Quant à l’accusation selon laquelle le gouvernement, en choisissant une organisation protestante, a fait preuve de favoritisme au profit d’un groupe religieux spécifique, elle est rejetée par le ministère de la Justice, qui assure qu’aucune considération religieuse n’a été prise en compte dans le processus de sélection du partenaire privé.
Pour le Rév. Kim Sam-hwan, l’une des clefs du succès de la Prison Somang est de fournir des programmes adaptés au profil de chaque détenu afin de favoriser sa réinsertion future. Forte d’une équipe de 600 intervenants extérieurs bénévoles, la prison proposera à ses détenus des ateliers personnalisés, des sessions de guérison fondées sur l’étude de la Bible, un programme de réconciliation entre condamnés et victimes, ainsi que des thérapies par l’expression musicale et artistique. Selon le pasteur protestant, il est clair, dès l’origine, que la prison n’est pas une entreprise menée « simplement pour accroître le nombre des protestants ». Réfutant le soupçon de prosélytisme, il souligne que les programmes proposés à Somang « ne présentent pas de difficulté en termes de liberté de conscience ou de liberté religieuse » car l’établissement n’acceptera que des détenus qui auront accepté de prendre part à ses programmes dans une perspective assumée de réinsertion.
Il est prévu que la prison n’accueille que des prisonniers masculins, âgés de 20 à 60 ans, dont c’est la première condamnation à une peine de prison ferme, laquelle ne devra pas excéder sept ans. A leur entrée dans l’établissement, les condamnés devront à avoir un minimum de douze mois de détention restant à effectuer. Les personnes condamnées pour trafic de drogue, atteinte à la sécurité publique ou participation au crime organisé ne sont pas éligibles au programme.
(1) L’Eglise catholique de Corée du Sud rassemble 10 % des Sud-Coréens, les différentes dénominations protestantes réunissant pour leur part près de 20 % des habitants.
(2) Prenant modèle sur ce qui se fait aux Etats-Unis et au Brésil, des groupes protestants sud-coréens demandaient depuis 1995 au gouvernement l’autorisation d’ouvrir des prisons gérées par des intérêts privés. L’Assemblée nationale a finalement voté un texte en ce sens en 1999.
(Sourcer: Eglises d'Asie, 8 décembre 2010)