Dans la soirée du 4 avril 2014, l’un des plus célèbres dissidents du Vietnam, le professeur Dinh Dang Dinh, est décédé des suites d’un cancer. Peu avant sa mort, il avait voulu devenir « enfant de Dieu » (selon ses termes) au sein de l’Eglise catholique. Sa disparition a provoqué une grande tristesse chez les nombreuses personnes qui, de près ou de loin, avaient été témoins de son héroïque combat et avaient été influencées par lui.

Le professeur Dinh Dang Dinh, ancien militaire devenu professeur de chimie, était en effet pour beaucoup, une icône du vrai patriotisme. Il avait consacré toute une partie de sa vie à la lutte contre un projet d’exploitation de la bauxite sur les Hauts Plateaux, projet qu’il considérait comme néfaste pour l’environnement de cette région où lui-même habitait ainsi que pour l’équilibre écologique de l’ensemble de son pays.

Il ne s’était pas contenté d’élever la voix. Il avait rédigé une lettre ouverte de protestation pour laquelle il avait recueilli plus de 3 000 signatures d’intellectuels et de personnalités qu’il avait contactés les uns après les autres. Cette initiative lui avait valu de comparaître devant un tribunal populaire. Accusé d’avoir « utilisé la liberté démocratique pour porter atteinte aux intérêts de l’Etat » et de « s’être livré à de la propagande antigouvernementale », il avait été condamné à six ans de prison.

Au cours de son internement, il dut mener un autre combat, cette fois-ci contre le cancer. Pendant longtemps, les autorités du camp de détention restèrent sourdes à ses demandes de soin. Lorsqu’elles autorisèrent son entrée à l’hôpital, il était trop tard. Le 25 février dernier, alors qu’il était au dernier stade de sa maladie, un ordre gouvernemental suspendait l’exécution de sa peine dont il avait déjà accomplie plus de 27 mois. Le 21 mars suivant, il était déjà tout proche d’une issue fatale, lorsque le chef de l’Etat signait un décret d’amnistie le concernant.

Quatorze jours plus tard, le professeur Dinh Dang Dinh s’éteignait dans sa petite et pauvre maison de Dak Nông, sur les Hauts Plateaux où il était revenu vivre ses derniers jours. Avant son décès, il avait demandé à devenir « enfant de Dieu » dans la religion catholique.

Le P. Dinh Huu Thoai a rapporté à Radio Free Asia (1) les circonstances de ce baptême. La fille du professeur a informé les religieux rédemptoristes que le dernier souhait du professeur était de devenir « enfant de Dieu ». Quelque temps auparavant, sa fille lui avait lu un article rapportant le témoignage du prisonnier politique Nguyên Huu Câu, racontant sa conversion et son baptême en prison. Le père et la fille en avaient parlé ensemble, puis le professeur avait exprimé son désir de l’imiter. Un religieux, rédemptoriste, averti, était alors venu de Saigon pour lui administrer le baptême.

Interrogé par Radio Free Asia, l’épouse du dissident a révélé que son mari, depuis sa sortie d’hôpital, n’avait cessé de prier et de demander à Dieu d’apaiser ses souffrances.

Le 6 avril, dans l’après-midi, la dépouille du dissident a été ramenée de Bak Nong à Saigon et placée dans une chapelle ardente dans le couvent des rédemptoristes (2). Aussitôt la nouvelle connue, un hommage exceptionnel été rendu au défunt. Dimanche et lundi, un nombre impressionnant de personnes sont venues se recueillir auprès de lui : d’anciens prisonniers politiques, des représentants d’une association de prisonniers politiques, de célèbres intellectuels admirateurs du combat du professeur Dinh Dang Dinh.

Les obsèques ont été célébrées de bonne heure, dans la matinée du 7 avril 2014, en l’église Notre-Dame du Perpétuel secours à Saigon. La messe était présidée par le secrétaire général de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’ et concélébrée par de nombreux prêtres. Une foule nombreuse assistait à la cérémonie, composée de catholiques et de non-catholiques venus de toutes régions du Vietnam.(eda/jm)

(1) Voir Radio Free Asia, émission en vietnamien, 7 avril 2014.
(2) Voir VRNs, 6 et 7 avril 2014

(Source: Eglises d'Asie, le 7 avril 2014)