Plus de dix mois et demi après la catastrophe écologique qui a ravagé l’environnement maritime des provinces du Centre-Vietnam, une part de la population sinistrée est loin d’être satisfaite et la colère gronde encore dans certaines agglomérations de pêcheurs n’ayant encore reçu aucune indemnisation. C’est le cas pour la paroisse de Song Ngoc, dans le diocèse de Vinh.
A l’appel du curé de la paroisse, le P. Jean-Baptiste Nguyên Dinh Thuc, le 14 février dernier, un groupe de 600 à 1 000 personnes issues des diverses communes que rassemble la paroisse avait décidé de se déplacer en cortège jusqu’à la bourgade de Ky Anh, siège du tribunal populaire local, à quelque 150 km de là, pour y déposer une plainte contre le centre industriel taïwanais Formosa, responsable de la catastrophe. Dans l’après-midi, alors que le cortège avait encore une longue route à faire, diverses forces de l’ordre associées ont lancé des attaques très violentes contre les manifestants, en blessant un grand nombre, dont le curé de la paroisse qui conduisait la manifestation. Plusieurs manifestants ont été arrêtés et détenus.
Des forces de l’ordre déployées en nombre pour stopper les manifestants
Avertie dans les jours précédant le 14 février, date prévue pour la manifestation, la police avait, comme cela avait été le cas pour des manifestations précédentes, fait pression auprès des agences de location de voitures et des chauffeurs pour empêcher les voitures, déjà louées en bonne et due forme, de parvenir jusqu’au parvis de l’église où s’étaient réunis les participants, vêtus de T-shirts avec des inscriptions demandant à la compagnie taïwanaise de quitter le pays.
Malgré ces premières difficultés, le groupe, bien décidé à parvenir coûte que coûte jusqu’à sa destination finale, s’était mis en marche en direction de Ky Anh, à 173 km du point de départ ; la plupart les participants chevauchaient une motocyclette ou étaient transportés sur les porte-bagages. Les forces de l’ordre s’étaient mobilisées à tous les carrefours mais aussi à proximité des églises paroissiales catholiques situées sur l’itinéraire prévu. Chacune d’entre elles devait, en effet, à tour de rôle, accueillir les protestataires avec rafraîchissement et nourriture.
Sur le coup de 16 heures, le P. Jean-Baptiste Thuc rapportait aux journalistes de la BBC (émissions en vietnamien) les incidents violents qui ont mis un terme à l’équipée de la paroisse. « A cette heure, notre cortège n’avait encore accompli qu’un cinquième de sa route, lorsque un groupe de dix personnes dans lequel je me trouvais a été violemment pris à partie, par un groupe d’agents de la Sécurité publique et par des membres en uniforme des forces armées. Nous avons été tabassés, nos motos ont été confisquées et au moins cinq d’entre nous ont été arrêtés et détenus. (…) Nous ne faisions qu’exercer notre droit de porter plainte, un droit qui est reconnu à tous les citoyens. Tout cela est vraiment absurde ! », a exposé le prêtre.
Le site Tin mung cho nguoi ngheo (‘L’Evangile pour les pauvres’), qui a mis en ligne un long récit détaillé de la manifestation du 14 février, montre une série de visages tuméfiés et ensanglantés, photographiés après le débordement de violence de la police. Si les réseaux sociaux et les sites indépendants ont largement repris les détails contenus dans le récit de ce site, la presse officielle du jour et du lendemain a, en revanche, fait silence sur cet événement. Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, interrogé dès le lendemain par Radio Free Asia (émissions en vietnamien), a livré à chaud ses premières impressions, réservant à plus tard un commentaire plus approfondi (1). (eda/jm)
(1) Voir la dépêche ‘Vietnam’ suivante sur Eglises d’Asie.
(Source: Eglises d'Asie, le 17 février 2017
A l’appel du curé de la paroisse, le P. Jean-Baptiste Nguyên Dinh Thuc, le 14 février dernier, un groupe de 600 à 1 000 personnes issues des diverses communes que rassemble la paroisse avait décidé de se déplacer en cortège jusqu’à la bourgade de Ky Anh, siège du tribunal populaire local, à quelque 150 km de là, pour y déposer une plainte contre le centre industriel taïwanais Formosa, responsable de la catastrophe. Dans l’après-midi, alors que le cortège avait encore une longue route à faire, diverses forces de l’ordre associées ont lancé des attaques très violentes contre les manifestants, en blessant un grand nombre, dont le curé de la paroisse qui conduisait la manifestation. Plusieurs manifestants ont été arrêtés et détenus.
Des forces de l’ordre déployées en nombre pour stopper les manifestants
Avertie dans les jours précédant le 14 février, date prévue pour la manifestation, la police avait, comme cela avait été le cas pour des manifestations précédentes, fait pression auprès des agences de location de voitures et des chauffeurs pour empêcher les voitures, déjà louées en bonne et due forme, de parvenir jusqu’au parvis de l’église où s’étaient réunis les participants, vêtus de T-shirts avec des inscriptions demandant à la compagnie taïwanaise de quitter le pays.
Malgré ces premières difficultés, le groupe, bien décidé à parvenir coûte que coûte jusqu’à sa destination finale, s’était mis en marche en direction de Ky Anh, à 173 km du point de départ ; la plupart les participants chevauchaient une motocyclette ou étaient transportés sur les porte-bagages. Les forces de l’ordre s’étaient mobilisées à tous les carrefours mais aussi à proximité des églises paroissiales catholiques situées sur l’itinéraire prévu. Chacune d’entre elles devait, en effet, à tour de rôle, accueillir les protestataires avec rafraîchissement et nourriture.
Sur le coup de 16 heures, le P. Jean-Baptiste Thuc rapportait aux journalistes de la BBC (émissions en vietnamien) les incidents violents qui ont mis un terme à l’équipée de la paroisse. « A cette heure, notre cortège n’avait encore accompli qu’un cinquième de sa route, lorsque un groupe de dix personnes dans lequel je me trouvais a été violemment pris à partie, par un groupe d’agents de la Sécurité publique et par des membres en uniforme des forces armées. Nous avons été tabassés, nos motos ont été confisquées et au moins cinq d’entre nous ont été arrêtés et détenus. (…) Nous ne faisions qu’exercer notre droit de porter plainte, un droit qui est reconnu à tous les citoyens. Tout cela est vraiment absurde ! », a exposé le prêtre.
Le site Tin mung cho nguoi ngheo (‘L’Evangile pour les pauvres’), qui a mis en ligne un long récit détaillé de la manifestation du 14 février, montre une série de visages tuméfiés et ensanglantés, photographiés après le débordement de violence de la police. Si les réseaux sociaux et les sites indépendants ont largement repris les détails contenus dans le récit de ce site, la presse officielle du jour et du lendemain a, en revanche, fait silence sur cet événement. Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, interrogé dès le lendemain par Radio Free Asia (émissions en vietnamien), a livré à chaud ses premières impressions, réservant à plus tard un commentaire plus approfondi (1). (eda/jm)
(1) Voir la dépêche ‘Vietnam’ suivante sur Eglises d’Asie.
(Source: Eglises d'Asie, le 17 février 2017