Onze mois se sont écoulés depuis les premières pressions policières exercées sur les paroissiens de Côn Dâu pour qu’ils se soumettent au projet municipal les obligeant à quitter leur village et leurs rizières pour aller refaire leur vie ailleurs. Cette période fut, en fait, une succession d’événements tragiques: perquisitions policières, très violente échauffourée...
... avec des agents de la Sécurité publique lors d’un enterrement, exil d’une partie de la population en Thaïlande, décès d’un paroissien à la suite d’interrogatoires et de mauvais traitements… Le dernier événement en date, à la fin du mois d’octobre, fut la condamnation de six paroissiens accusés de troubles de l’ordre public et d’opposition à des fonctionnaires d’Etat (1).

Cependant, la résistance de la paroisse ne s’est pas encore émoussée puisque, ces jours derniers, la Sécurité publique tentait encore d’en venir à bout en multipliant pressions et interrogatoires (2). Elle cherche en particulier à savoir dans quelles circonstances et à l’initiative de quelles personnes précises, a été rédigée une lettre ouverte destinée aux plus hautes autorités du pays.

En effet, à peine un mois après le procès, le 26 novembre dernier, cent paroissiens signaient une lettre adressée aux instances centrales du Parti et de l’Etat, ainsi qu’à celles de la ville de Da Nang. La lettre demandait la révision de l’ensemble du programme de création d’une zone urbaine « écologique ». Comme l’avait déjà demandé, avant le procès, Mgr Hop, au nom de la Commission ‘Justice et Paix’, la lettre suggérait que soient réexaminés les fondements légaux du projet. Elle exigeait aussi que soit respecté le droit d’utilisation de terrains acquis grâce aux efforts et à la sueur des nombreuses générations de paroissiens. Le désir profond de la population, faisait encore remarquer la lettre, est de vivre et de mourir sur la terre de ses ancêtres. En cas d’impossibilité majeure venant contrecarrer ce souhait, les paroissiens de Côn Dâu souhaitaient que toute la population soit regroupée autour d’une église afin de pouvoir perpétuer son style de vie traditionnel.

Malheureusement, non seulement la lettre n’a pas été examinée, mais elle a été à l’origine d’une nouvelle campagne policière. Une enquête a été ouverte cherchant à connaître l’instigateur et le rédacteur de la lettre, ainsi que ceux qui ont recueilli les signatures et ont diffusé un document qui, par ce biais, a été connu du monde entier. Après une enquête menée dans toutes les maisons du village, un des membres du conseil paroissial a été choisi en guise de bouc émissaire. Il a été convoqué par la police deux jours de suite. Le premier interrogatoire duré quatre heures et le second toute la journée. Devant ses accusateurs, le paroissien soupçonné a défendu fermement les positions exposées dans la lettre aux autorités. Au sortir de ces deux interrogatoires, il a décidé de ne plus se rendre aux convocations de la police. On apprend par ailleurs que la police continue ses visites domiciliaires, en particulier chez les signataires de la lettre aux autorités centrales.

(1) EDA a rendu compte de tous les événements cités. Voir EDA 523 et n° suivants.
(2) L’information a été publiée sur le site des rédemptoristes vietnamiens à l’adresse: http://www.chuacuuthe.com/?p=10904

(Source: Eglises d'Asie, 10 décembre 2010)