Selon une large enquête commanditée par l’archidiocèse de Singapour, les catholiques à Singapour sont très pratiquants mais assez peu engagés
S’il fallait résumer d’un trait la vaste enquête commanditée par l’archidiocèse de Singapour au sujet de la communauté catholique de Singapour, on pourrait dire que le catholique singapourien est une personne fort pratiquante mais relativement peu engagée dans l’Eglise. Telle la principale conclusion tirée par le Catholic Research Centre of Singapore d’une étude conduite sur deux week-ends du mois d’août 2007 auprès de 94 447 catholiques, y compris des non-Singapouriens, âgés de 12 ans et plus. L’étude présente un caractère relativement exhaustif étant donné que, selon les statistiques 2007 du diocèse de Singapour, la cité-Etat compte 174 109 catholiques (4 % des 4 483 000 habitants de Singapour).
La pratique religieuse, définie comme la participation à la messe dominicale, est très forte parmi les catholiques de Singapour: huit sur dix d’entre eux disent aller à la messe chaque week-end. Toutefois, cette pratique ne se traduit que par un relativement faible engagement dans l’Eglise: l’étude définit l’engagement comme la participation à une activité d’Eglise et cinq catholiques sur dix déclarent qu’aller à la messe est l’unique point de contact qu’ils ont avec la vie de l’Eglise. Sur un plan plus personnel et spirituel, sept catholiques sur dix disent n’avoir jamais fait partie d’un groupe de prière ou d’une petite communauté fraternelle. L’attente en ce domaine existe cependant car 30 % des membres de ce groupe affirment qu’ils aimeraient bien appartenir à de telles communautés.
Un autre point saillant de l’étude est que les jeunes, les adolescents notamment, sont proportionnellement plus actifs et engagés dans l’Eglise que leurs aînés. La tranche des 12-14 ans est pratiquante à hauteur de 89 %; celle des 15-19 ans à hauteur de 85 %. Plus que leurs aînés, ces jeunes se montrent particulièrement attachés à leur paroisse et aux activités qui s’y déroulent. Selon Stella Quah, sociologue et coordinatrice de l’enquête, ce fait reflète le travail mené depuis plusieurs années dans le domaine du catéchisme, même si les jeunes catholiques de Singapour fréquentent en masse les églises avant tout parce que ce sont leurs parents, accaparés par ailleurs par leur vie professionnelle, qui les y envoient, sachant qu’ils trouveront là un cadre jugé propice.
Une autre conclusion intéressante de l’étude concerne la prière familiale. Dans une société où le primat est donné aux études et à l’engagement dans la vie professionnelle, les parents, bien souvent, n’ont pas beaucoup de temps à accorder à leurs enfants, au sein de familles à la taille en général très réduite. Seule une famille catholique sur trois pratique la prière familiale. Toutefois, c’est bien dans la famille que la foi se transmet: six catholiques sur dix viennent de familles dont tous les membres sont catholiques; parmi les catholiques vivant en couple, 83,5 % des personnes interrogées sont mariées à un conjoint catholique. De plus, plus la pratique dominicale est menée dans le cadre de la famille, plus cette pratique est forte: dans le groupe des 64,6 % de catholiques qui disent aller à la messe en compagnie d’un ou plusieurs membres de leur famille, le taux de pratique atteint les 86 %. A l’opposé, le nombre des personnes qui se rendent seule à la messe est assez fort: un catholique sur cinq, et cette tendance va croissant à mesure que l’âge des paroissiens s’élève; il est de près de 30 % chez les catholiques âgés.
Les questions d’appartenance linguistique ne sont pas absentes de l’étude. Un catholique sur cinq ne parle pas l’anglais, langue utilisée dans les églises, et ne parle qu’une langue asiatique à la maison. Selon Catholic Research Centre of Singapore, il y a là un appel à développer les services et les ministères en d’autres langues que l’anglais.
En conclusion, les auteurs de l’étude indiquent que l’enquête montre qu’il existe des points sensibles dans l’Eglise de Singapour, tels que la nécessité d’amener les catholiques à s’engager au-delà de la messe dominicale, celle de développer des petites communautés chrétiennes, ou bien encore celle de favoriser la prière en famille. Parallèlement, de nouvelles tendances émergent, telles que le nombre grandissant de paroissiens âgés qui vont seuls à la messe ou la présence croissante des étrangers dans l’Eglise (venus des Philippines bien sûr, mais aussi de Malaisie, d’Indonésie, d’Inde, du Pakistan ou encore du Bangladesh). L’Eglise se doit de se pencher sur les besoins pastoraux de ces groupes de population.
En 2004, dans une interview publiée par Eglises d’Asie (1), Mgr Nicholas Chia, archevêque de Singapour, s’interrogeait déjà sur le fait que les catholiques à Singapour étaient très généreux de leurs dons financiers mais beaucoup moins de leur temps. Les catholiques sont pratiquants, mais sont-ils pleinement catholiques ?, s’interrogeait-il.
(1) Voir EDA 399.
(Source: Eglises d'Asie - 22 mai 2008)
S’il fallait résumer d’un trait la vaste enquête commanditée par l’archidiocèse de Singapour au sujet de la communauté catholique de Singapour, on pourrait dire que le catholique singapourien est une personne fort pratiquante mais relativement peu engagée dans l’Eglise. Telle la principale conclusion tirée par le Catholic Research Centre of Singapore d’une étude conduite sur deux week-ends du mois d’août 2007 auprès de 94 447 catholiques, y compris des non-Singapouriens, âgés de 12 ans et plus. L’étude présente un caractère relativement exhaustif étant donné que, selon les statistiques 2007 du diocèse de Singapour, la cité-Etat compte 174 109 catholiques (4 % des 4 483 000 habitants de Singapour).
La pratique religieuse, définie comme la participation à la messe dominicale, est très forte parmi les catholiques de Singapour: huit sur dix d’entre eux disent aller à la messe chaque week-end. Toutefois, cette pratique ne se traduit que par un relativement faible engagement dans l’Eglise: l’étude définit l’engagement comme la participation à une activité d’Eglise et cinq catholiques sur dix déclarent qu’aller à la messe est l’unique point de contact qu’ils ont avec la vie de l’Eglise. Sur un plan plus personnel et spirituel, sept catholiques sur dix disent n’avoir jamais fait partie d’un groupe de prière ou d’une petite communauté fraternelle. L’attente en ce domaine existe cependant car 30 % des membres de ce groupe affirment qu’ils aimeraient bien appartenir à de telles communautés.
Un autre point saillant de l’étude est que les jeunes, les adolescents notamment, sont proportionnellement plus actifs et engagés dans l’Eglise que leurs aînés. La tranche des 12-14 ans est pratiquante à hauteur de 89 %; celle des 15-19 ans à hauteur de 85 %. Plus que leurs aînés, ces jeunes se montrent particulièrement attachés à leur paroisse et aux activités qui s’y déroulent. Selon Stella Quah, sociologue et coordinatrice de l’enquête, ce fait reflète le travail mené depuis plusieurs années dans le domaine du catéchisme, même si les jeunes catholiques de Singapour fréquentent en masse les églises avant tout parce que ce sont leurs parents, accaparés par ailleurs par leur vie professionnelle, qui les y envoient, sachant qu’ils trouveront là un cadre jugé propice.
Une autre conclusion intéressante de l’étude concerne la prière familiale. Dans une société où le primat est donné aux études et à l’engagement dans la vie professionnelle, les parents, bien souvent, n’ont pas beaucoup de temps à accorder à leurs enfants, au sein de familles à la taille en général très réduite. Seule une famille catholique sur trois pratique la prière familiale. Toutefois, c’est bien dans la famille que la foi se transmet: six catholiques sur dix viennent de familles dont tous les membres sont catholiques; parmi les catholiques vivant en couple, 83,5 % des personnes interrogées sont mariées à un conjoint catholique. De plus, plus la pratique dominicale est menée dans le cadre de la famille, plus cette pratique est forte: dans le groupe des 64,6 % de catholiques qui disent aller à la messe en compagnie d’un ou plusieurs membres de leur famille, le taux de pratique atteint les 86 %. A l’opposé, le nombre des personnes qui se rendent seule à la messe est assez fort: un catholique sur cinq, et cette tendance va croissant à mesure que l’âge des paroissiens s’élève; il est de près de 30 % chez les catholiques âgés.
Les questions d’appartenance linguistique ne sont pas absentes de l’étude. Un catholique sur cinq ne parle pas l’anglais, langue utilisée dans les églises, et ne parle qu’une langue asiatique à la maison. Selon Catholic Research Centre of Singapore, il y a là un appel à développer les services et les ministères en d’autres langues que l’anglais.
En conclusion, les auteurs de l’étude indiquent que l’enquête montre qu’il existe des points sensibles dans l’Eglise de Singapour, tels que la nécessité d’amener les catholiques à s’engager au-delà de la messe dominicale, celle de développer des petites communautés chrétiennes, ou bien encore celle de favoriser la prière en famille. Parallèlement, de nouvelles tendances émergent, telles que le nombre grandissant de paroissiens âgés qui vont seuls à la messe ou la présence croissante des étrangers dans l’Eglise (venus des Philippines bien sûr, mais aussi de Malaisie, d’Indonésie, d’Inde, du Pakistan ou encore du Bangladesh). L’Eglise se doit de se pencher sur les besoins pastoraux de ces groupes de population.
En 2004, dans une interview publiée par Eglises d’Asie (1), Mgr Nicholas Chia, archevêque de Singapour, s’interrogeait déjà sur le fait que les catholiques à Singapour étaient très généreux de leurs dons financiers mais beaucoup moins de leur temps. Les catholiques sont pratiquants, mais sont-ils pleinement catholiques ?, s’interrogeait-il.
(1) Voir EDA 399.
(Source: Eglises d'Asie - 22 mai 2008)