Selon des psychologues chinois, entre 3 et 5 % des survivants du séisme qui a frappé le Sichuan il y a an souffrent de syndromes post-traumatiques. Sur ces 360 000 à 600 000 personnes, environ un dixième d’entre elles présentent des tendances suicidaires marquées. Les psychologues craignent que, le 12 mai ou dans les jours qui suivent la date anniversaire du séisme, certaines d’entre elles passent à l’acte, comme cela a déjà été constaté lors de fêtes traditionnelles chinoises liées à la famille. A Beichuan, l’une des localités les plus touchées par le séisme du 12 mai 2008, des équipes de bénévoles catholiques, dont des religieuses formées à cette fin, tentent d’apporter une aide psychologique aux survivants.
Un an après le séisme, qui fait près de 87 000 morts et disparus – dont un nombre important d’enfants, pris au piège dans des écoles mal construites (la secousse s’est produite peu avant 14h30, à une heure où les enfants étaient en classe) –, une partie des survivants vit toujours dans des préfabriqués et certains sont sans emploi. Les cicatrices laissées par le tremblement de terre sont toujours à vif, comme l’explique le P. Paul Han Qingping, directeur adjoint de l’organisation caritative catholique Jinde (1).
Basée à Shijiazhuang, dans le Hebei, Jinde avait dépêché sur les lieux du séisme une équipe de religieuses spécialisées dans l’aide médicale dès le 16 mai 2008. Cette équipe avait rejoint les considérables secours nationaux et internationaux alors mobilisés. Une fois la phase de l’aide d’urgence passée, la direction de Jinde a poursuivi son effort auprès des victimes du séisme, en envoyant sur place des équipes plus spécialement chargées de l’accompagnement psychologique (2).
En octobre dernier puis en avril de cette année, deux fonctionnaires relativement haut placés de Beichuan ont mis fin à leurs jours. La nouvelle a été diffusée par les médias locaux et nationaux et, bien que l’on ne sache pas exactement les motifs de leur suicide, il semble que les deux hommes, âgés respectivement de 33 et 40 ans, ne pouvaient arriver à faire le deuil de leurs enfants – chacun des deux avait perdu un fils, leur fils unique, dans la catastrophe. Selon une des religieuses catholiques envoyées dans la région par Jinde, ces deux cas ne sont pas isolés; elle a recueilli de nombreux témoignages faisant état de suicides par pendaison ou de survivants qui se sont jetés du haut d’une falaise ou d’un immeuble.
Le travail des religieuses consiste principalement à se tenir aux côtés des victimes et à leur apporter du réconfort et un témoignage d’amour, explique encore le P. Paul Han. Elles coordonnent leur action avec d’autres ONG présentes sur place et les autorités locales. En lien avec l’Institut de psychologie de l’Académie des sciences, elles ont formé des fonctionnaires locaux et des enseignants qui sont en contact quotidien avec les survivants. Le prêtre de Jinde précise que les religieuses se sont données pour règle de ne pas faire part de leur appartenance religieuse auprès des victimes qu’elles accompagnent, mais qu’au cours de ce travail, « il arrive bien souvent naturellement que notre foi soit explicitement évoquée ».
En Chine, le premier anniversaire du tremblement de terre est un sujet sensible. Pour tenter de couper court aux critiques, le gouvernement a publié, le 7 mai dernier, un premier bilan officiel du nombre d’élèves tués dans le séisme: 5 335 enfants; aucun nom, aucun détail n’accompagnaient cette liste. Les autorités ont indiqué qu’il n’y avait aucune raison de continuer à enquêter sur les raisons de l’écroulement des écoles, qui, en certains lieux, sont quasiment les seuls bâtiments à s’être effondrés. Les parents des victimes et des militants qui souhaitent que la lumière soit faite sur les responsabilités des fonctionnaires locaux et des entrepreneurs chargés de ces constructions, sont harcelés par la police. Par ailleurs, un an après le séisme, la région connaît un regain très notable de la natalité, le gouvernement ayant autorisé les familles ayant perdu un enfant à en avoir un autre.
(1) Ucanews, 11 mai 2009.
(1) Au 31 mars 2009, l’aide de Jinde Charities aux victimes du tremblement de terre du Sichuan s’élevait à 23,3 millions de yuans (2,5 millions d’euros), dont 93,5 % provenaient de dons réunis en Chine et hors de Chine (notamment du Saint-Siège et du réseau international des Caritas).
(Source: Eglises d'Asie, 11 mai 2009)
Un an après le séisme, qui fait près de 87 000 morts et disparus – dont un nombre important d’enfants, pris au piège dans des écoles mal construites (la secousse s’est produite peu avant 14h30, à une heure où les enfants étaient en classe) –, une partie des survivants vit toujours dans des préfabriqués et certains sont sans emploi. Les cicatrices laissées par le tremblement de terre sont toujours à vif, comme l’explique le P. Paul Han Qingping, directeur adjoint de l’organisation caritative catholique Jinde (1).
Basée à Shijiazhuang, dans le Hebei, Jinde avait dépêché sur les lieux du séisme une équipe de religieuses spécialisées dans l’aide médicale dès le 16 mai 2008. Cette équipe avait rejoint les considérables secours nationaux et internationaux alors mobilisés. Une fois la phase de l’aide d’urgence passée, la direction de Jinde a poursuivi son effort auprès des victimes du séisme, en envoyant sur place des équipes plus spécialement chargées de l’accompagnement psychologique (2).
En octobre dernier puis en avril de cette année, deux fonctionnaires relativement haut placés de Beichuan ont mis fin à leurs jours. La nouvelle a été diffusée par les médias locaux et nationaux et, bien que l’on ne sache pas exactement les motifs de leur suicide, il semble que les deux hommes, âgés respectivement de 33 et 40 ans, ne pouvaient arriver à faire le deuil de leurs enfants – chacun des deux avait perdu un fils, leur fils unique, dans la catastrophe. Selon une des religieuses catholiques envoyées dans la région par Jinde, ces deux cas ne sont pas isolés; elle a recueilli de nombreux témoignages faisant état de suicides par pendaison ou de survivants qui se sont jetés du haut d’une falaise ou d’un immeuble.
Le travail des religieuses consiste principalement à se tenir aux côtés des victimes et à leur apporter du réconfort et un témoignage d’amour, explique encore le P. Paul Han. Elles coordonnent leur action avec d’autres ONG présentes sur place et les autorités locales. En lien avec l’Institut de psychologie de l’Académie des sciences, elles ont formé des fonctionnaires locaux et des enseignants qui sont en contact quotidien avec les survivants. Le prêtre de Jinde précise que les religieuses se sont données pour règle de ne pas faire part de leur appartenance religieuse auprès des victimes qu’elles accompagnent, mais qu’au cours de ce travail, « il arrive bien souvent naturellement que notre foi soit explicitement évoquée ».
En Chine, le premier anniversaire du tremblement de terre est un sujet sensible. Pour tenter de couper court aux critiques, le gouvernement a publié, le 7 mai dernier, un premier bilan officiel du nombre d’élèves tués dans le séisme: 5 335 enfants; aucun nom, aucun détail n’accompagnaient cette liste. Les autorités ont indiqué qu’il n’y avait aucune raison de continuer à enquêter sur les raisons de l’écroulement des écoles, qui, en certains lieux, sont quasiment les seuls bâtiments à s’être effondrés. Les parents des victimes et des militants qui souhaitent que la lumière soit faite sur les responsabilités des fonctionnaires locaux et des entrepreneurs chargés de ces constructions, sont harcelés par la police. Par ailleurs, un an après le séisme, la région connaît un regain très notable de la natalité, le gouvernement ayant autorisé les familles ayant perdu un enfant à en avoir un autre.
(1) Ucanews, 11 mai 2009.
(1) Au 31 mars 2009, l’aide de Jinde Charities aux victimes du tremblement de terre du Sichuan s’élevait à 23,3 millions de yuans (2,5 millions d’euros), dont 93,5 % provenaient de dons réunis en Chine et hors de Chine (notamment du Saint-Siège et du réseau international des Caritas).
(Source: Eglises d'Asie, 11 mai 2009)