En dépit des propositions de conciliation des autorités chinoises, les séminaristes du grand séminaire régional de Shijiazhuang, dans le Hebei, poursuivent leur mouvement de grève pour protester contre le récent parachutage d’un haut fonctionnaire non catholique au poste de vice-recteur. Au nombre d’une centaine, les séminaristes réclament des autorités un engagement écrit par lequel elles renonceraient à une nomination considérée comme « politique ».
En dépit du froid vif de l’hiver, les séminaristes, qui font la grève des cours depuis plusieurs semaines (1), ont choisi de descendre dans la rue et de manifester devant le bâtiment qui abrite, à Shijiazhuang, le Bureau des Affaires religieuses et ethniques du Hebei. C’est en effet cette administration qui assure la tutelle administrative du séminaire, et c’est elle qui a pris la décision, le 11 novembre dernier, de nommer au poste de vice-recteur du séminaire et professeur de politique l’un de ses hauts fonctionnaires, Tang Zhaojun, un non-catholique. En soutane noire et surplis blanc, les séminaristes ont, durant deux jours, les 2 et 3 décembre, brandi des pancartes devant les portes d’entrée du bâtiment officiel, battant pacifiquement le pavé de 7 heures du matin à 9 heures du soir. Sur les pancartes, l’on pouvait lire: « Demandons la révocation par écrit officiel du vice-directeur Tang Zhaojun du poste de vice-recteur du séminaire » ou bien encore « Tenez vos promesses ! » et « Séminaire du Hebei, séminaire catholique ».
Le jeudi 2 décembre au soir, après avoir passé la journée dehors, les séminaristes étaient retournés dans leurs dortoirs. Apprenant alors que des responsables des Affaires religieuses et des policiers en civils s’étaient présentés pour tenter de persuader l’encadrement de l’établissement de raisonner les étudiants, tous les séminaristes s’étaient alors relevés pour demander aux officiels de quitter les lieux. Le lendemain matin, les séminaristes étaient de retour dans la rue, devant l’entrée du bâtiment des Affaires religieuses.
Dès le 11 novembre, le parachutage de Tang Zhaojun avait été rejeté par les enseignants et les élèves du séminaire. En effet, si la nomination de fonctionnaires du gouvernement au poste de professeur de « classes politiques » est chose courante au sein des grands séminaires « officiels » en Chine, celle d’un haut fonctionnaire au poste de vice-recteur est inédite. Le 15 novembre, les cours étaient suspendus au séminaire dans l’attente de la convocation d’une assemblée des directeurs, seule instance habilitée à procéder à pareille nomination. Face à l’opposition rencontrée, les Affaires religieuses de Shijiazhuang ont alors accepté de négocier, promettant que la nomination de Tang Zhaojun serait retirée et obtenant en échange une reprise des cours à compter du 1er décembre. C’est, semble-t-il, cet accord que les séminaristes entendent ne pas honorer tant qu’ils n’auront pas obtenu des autorités un engagement écrit, et non seulement verbal, attestant l’annulation du parachutage du haut fonctionnaire non catholique.
Dans le contexte particulier que connaît l’Eglise en Chine actuellement, avec l’ordination illicite de l’évêque de Chengde, la convocation pour les 7, 8 et 9 décembre prochains de l’Assemblée nationale des représentants catholiques et l’appel au « courage » lancé par le pape Benoît XVI à l’adresse des catholiques chinois (2), la démarche des séminaristes de Shijiazhuang a très rapidement fait le tour de l’Internet catholique chinois. La nouvelle est abondamment commentée sur les blogs, de nombreux laïcs, religieuses et prêtres encourageant les étudiants de leurs prières et saluant ces « futurs piliers de l’Eglise » et « témoins de l’espérance ». Des internautes rappellent aussi le précédent de janvier 2000, lorsque les 150 séminaristes du Grand Séminaire national de Pékin avaient refusé d’assister à l’ordination faite sans mandat pontifical de cinq évêques « officiels » (3). Bon nombre de ces étudiants avaient été ensuite renvoyés du séminaire. Pour certains internautes aujourd’hui, les séminaristes de Shijiazhuang doivent s’attendre à payer le prix de leur audace et certains pourraient subir des sanctions, une fois que l’affaire sera close.
Selon l’un des séminaristes de Shijiazhuang, joint par l’agence Ucanews (4), les étudiants ont agi de leur propre initiative, sans en référer aux prêtres du séminaire ou aux évêques de la province. « Dans le cas contraire, les autorités auraient exercé des pressions sur le clergé. Or, nous nous devons de les protéger », a expliqué le jeune homme (5).
(1) & (2) Voir EDA 540
(3) Voir EDA 301
(4) Ucanews, 3 décembre 2010
(5) Fondé en 1984, le grand séminaire interdiocésain de Shijiazhuang a formé à ce jour plus de 400 prêtres. Rénové et agrandi en 1997, il peut accueillir un maximum théorique de 120 étudiants. En 2001-2002, le séminaire, qui accueillait des étudiants venus de tout le Hebei, avait connu une longue phase d’« évaluation politique », durant laquelle tout recrutement avait été bloqué (voir EDA 370). Depuis 2003, son recteur est Mgr Ma Yinglin, évêque « officiel » de Kunming (dans le Yunnan), non reconnu par Rome.
(Source: Eglises d'Asie, 6 décembre 2010)
En dépit du froid vif de l’hiver, les séminaristes, qui font la grève des cours depuis plusieurs semaines (1), ont choisi de descendre dans la rue et de manifester devant le bâtiment qui abrite, à Shijiazhuang, le Bureau des Affaires religieuses et ethniques du Hebei. C’est en effet cette administration qui assure la tutelle administrative du séminaire, et c’est elle qui a pris la décision, le 11 novembre dernier, de nommer au poste de vice-recteur du séminaire et professeur de politique l’un de ses hauts fonctionnaires, Tang Zhaojun, un non-catholique. En soutane noire et surplis blanc, les séminaristes ont, durant deux jours, les 2 et 3 décembre, brandi des pancartes devant les portes d’entrée du bâtiment officiel, battant pacifiquement le pavé de 7 heures du matin à 9 heures du soir. Sur les pancartes, l’on pouvait lire: « Demandons la révocation par écrit officiel du vice-directeur Tang Zhaojun du poste de vice-recteur du séminaire » ou bien encore « Tenez vos promesses ! » et « Séminaire du Hebei, séminaire catholique ».
Le jeudi 2 décembre au soir, après avoir passé la journée dehors, les séminaristes étaient retournés dans leurs dortoirs. Apprenant alors que des responsables des Affaires religieuses et des policiers en civils s’étaient présentés pour tenter de persuader l’encadrement de l’établissement de raisonner les étudiants, tous les séminaristes s’étaient alors relevés pour demander aux officiels de quitter les lieux. Le lendemain matin, les séminaristes étaient de retour dans la rue, devant l’entrée du bâtiment des Affaires religieuses.
Dès le 11 novembre, le parachutage de Tang Zhaojun avait été rejeté par les enseignants et les élèves du séminaire. En effet, si la nomination de fonctionnaires du gouvernement au poste de professeur de « classes politiques » est chose courante au sein des grands séminaires « officiels » en Chine, celle d’un haut fonctionnaire au poste de vice-recteur est inédite. Le 15 novembre, les cours étaient suspendus au séminaire dans l’attente de la convocation d’une assemblée des directeurs, seule instance habilitée à procéder à pareille nomination. Face à l’opposition rencontrée, les Affaires religieuses de Shijiazhuang ont alors accepté de négocier, promettant que la nomination de Tang Zhaojun serait retirée et obtenant en échange une reprise des cours à compter du 1er décembre. C’est, semble-t-il, cet accord que les séminaristes entendent ne pas honorer tant qu’ils n’auront pas obtenu des autorités un engagement écrit, et non seulement verbal, attestant l’annulation du parachutage du haut fonctionnaire non catholique.
Dans le contexte particulier que connaît l’Eglise en Chine actuellement, avec l’ordination illicite de l’évêque de Chengde, la convocation pour les 7, 8 et 9 décembre prochains de l’Assemblée nationale des représentants catholiques et l’appel au « courage » lancé par le pape Benoît XVI à l’adresse des catholiques chinois (2), la démarche des séminaristes de Shijiazhuang a très rapidement fait le tour de l’Internet catholique chinois. La nouvelle est abondamment commentée sur les blogs, de nombreux laïcs, religieuses et prêtres encourageant les étudiants de leurs prières et saluant ces « futurs piliers de l’Eglise » et « témoins de l’espérance ». Des internautes rappellent aussi le précédent de janvier 2000, lorsque les 150 séminaristes du Grand Séminaire national de Pékin avaient refusé d’assister à l’ordination faite sans mandat pontifical de cinq évêques « officiels » (3). Bon nombre de ces étudiants avaient été ensuite renvoyés du séminaire. Pour certains internautes aujourd’hui, les séminaristes de Shijiazhuang doivent s’attendre à payer le prix de leur audace et certains pourraient subir des sanctions, une fois que l’affaire sera close.
Selon l’un des séminaristes de Shijiazhuang, joint par l’agence Ucanews (4), les étudiants ont agi de leur propre initiative, sans en référer aux prêtres du séminaire ou aux évêques de la province. « Dans le cas contraire, les autorités auraient exercé des pressions sur le clergé. Or, nous nous devons de les protéger », a expliqué le jeune homme (5).
(1) & (2) Voir EDA 540
(3) Voir EDA 301
(4) Ucanews, 3 décembre 2010
(5) Fondé en 1984, le grand séminaire interdiocésain de Shijiazhuang a formé à ce jour plus de 400 prêtres. Rénové et agrandi en 1997, il peut accueillir un maximum théorique de 120 étudiants. En 2001-2002, le séminaire, qui accueillait des étudiants venus de tout le Hebei, avait connu une longue phase d’« évaluation politique », durant laquelle tout recrutement avait été bloqué (voir EDA 370). Depuis 2003, son recteur est Mgr Ma Yinglin, évêque « officiel » de Kunming (dans le Yunnan), non reconnu par Rome.
(Source: Eglises d'Asie, 6 décembre 2010)