Le plus ancien prisonnier politique du Vietnam, Nguyên Huu Câu, avait purgé 37 années de détention quand il a été libéré le 21 mars dernier. Les autorités vietnamiennes ont-elles résolu de changer d’attitude ? Toujours est-il qu’au cours de la semaine dernière, elles ont procédé à la libération anticipée de plusieurs prisonniers politiques, tous condamnés pour avoir exprimé publiquement une opinion critique sur le régime. Le docteur en droit Cu Huy Ha Vu a été libéré, bien avant le terme de sa peine, le 7 avril dernier. Deux autres dissidents bien connus, Nguyên Tiên Trung et Vi Duc Hôi, sont également sortis de prison, le 11 avril, avant l’expiration de leur peine.
Ces trois libérations successives ont surpris. Dans un communiqué paru le 14 avril, Amnesty International s’en réjouit, tout en faisant remarquer que ces trois dissidents n’auraient jamais dû être détenus et que de nombreux autres croupissent encore dans leurs cellules. Un autre commentaire prononcé au micro de la BBC replace cette manifestation d’apparente clémence dans le contexte d’une nouvelle stratégie politique qui aurait été adoptée par le Vietnam vis-à-vis des droits de l’homme en général et de la dissidence en particulier.
Le 7 avril dernier, Cu Huy Ha Vu a été libéré de prison avant l’expiration de sa peine. Accompagné de sa femme, il a aussitôt gagné les Etats-Unis où il doit recevoir des soins médicaux. Il est le fils d’un poète célèbre, Cu Huy Cân, proche collaborateur de Hô Chi Minh et ministre de son premier gouvernement. Juriste de profession et directeur d’un cabinet d’avocats, Cu Huy Ha Vu s’était fait connaître par ses déclarations retentissantes en faveur de la démocratie, mises en ligne sur Internet ou parues dans la presse étrangère.
Il avait été arrêté en novembre 2010, sous un prétexte fallacieux, dans un hôtel de Saigon. Le 4 avril 2011, le Tribunal populaire de Hanoi le condamnait à sept ans de prison pour « propagande contre l’Etat socialiste du Vietnam ». Sa peine de prison a été ainsi allégée de plus de trois ans.
Les deux autres bénéficiaires d’une libération anticipée avaient été également condamnés pour délit d’opinion.
Vi Duc Hôi, écrivain, journaliste et membre du Parti communiste, avait été exclu du parti en 2007 pour avoir appelé le régime à une réforme démocratique. Arrêté en 2010, il fut, un peu plus tard, condamné en première instance à huit ans de prison, une peine qui avait été réduite à cinq ans de prison lors du procès en appel.
La libération de Nguyên Tiên Trung a été une grande surprise pour lui-même et pour sa famille tout étonnée de le revoir, le 11 avril dernier. Ce jeune ingénieur en informatique de 30 ans, blogueur et militant pour la démocratie, avait été condamné en 2010 pour « tentative de renversement du pouvoir populaire ». Membre fondateur d’un petit groupe nommé « Association de la jeunesse démocratique », il avait été arrêté le 7 juillet 2009. En janvier 2010, il avait été condamné à sept ans de prison. La délibération des juges avait duré 15 minutes. Mais il avait fallu 45 minutes pour lire la sentence prétendument issue de cette délibération.
Il ne fait pas de doute pour les intéressés comme pour beaucoup d’observateurs que ces libérations anticipées sont le résultat des très nombreuses pressions internationales exercées sur les autorités vietnamiennes.
Dans une émission en langue vietnamienne, diffusée par la BBC le 13 avril 2014, un ancien diplomate vietnamien a déclaré que cette série de libération anticipées était surtout le signe d’une une nouvelle stratégie du gouvernement en matière de politique internationale. Il a en particulier insisté sur la nouvelle image que l’Etat vietnamien veut présenter au monde, depuis qu’il a obtenu d’être membre du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies. C’est aussi, a-t-il affirmé, une façon de desserrer l’étau de la Chine, dont les ambitions territoriales sont de plus en plus visibles, en se rapprochant des puissances occidentales, en particulier des Etats-Unis qui exercent une pression constante dans le domaine humanitaire.(eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 18 avril 2014)
Ces trois libérations successives ont surpris. Dans un communiqué paru le 14 avril, Amnesty International s’en réjouit, tout en faisant remarquer que ces trois dissidents n’auraient jamais dû être détenus et que de nombreux autres croupissent encore dans leurs cellules. Un autre commentaire prononcé au micro de la BBC replace cette manifestation d’apparente clémence dans le contexte d’une nouvelle stratégie politique qui aurait été adoptée par le Vietnam vis-à-vis des droits de l’homme en général et de la dissidence en particulier.
Le 7 avril dernier, Cu Huy Ha Vu a été libéré de prison avant l’expiration de sa peine. Accompagné de sa femme, il a aussitôt gagné les Etats-Unis où il doit recevoir des soins médicaux. Il est le fils d’un poète célèbre, Cu Huy Cân, proche collaborateur de Hô Chi Minh et ministre de son premier gouvernement. Juriste de profession et directeur d’un cabinet d’avocats, Cu Huy Ha Vu s’était fait connaître par ses déclarations retentissantes en faveur de la démocratie, mises en ligne sur Internet ou parues dans la presse étrangère.
Il avait été arrêté en novembre 2010, sous un prétexte fallacieux, dans un hôtel de Saigon. Le 4 avril 2011, le Tribunal populaire de Hanoi le condamnait à sept ans de prison pour « propagande contre l’Etat socialiste du Vietnam ». Sa peine de prison a été ainsi allégée de plus de trois ans.
Les deux autres bénéficiaires d’une libération anticipée avaient été également condamnés pour délit d’opinion.
Vi Duc Hôi, écrivain, journaliste et membre du Parti communiste, avait été exclu du parti en 2007 pour avoir appelé le régime à une réforme démocratique. Arrêté en 2010, il fut, un peu plus tard, condamné en première instance à huit ans de prison, une peine qui avait été réduite à cinq ans de prison lors du procès en appel.
La libération de Nguyên Tiên Trung a été une grande surprise pour lui-même et pour sa famille tout étonnée de le revoir, le 11 avril dernier. Ce jeune ingénieur en informatique de 30 ans, blogueur et militant pour la démocratie, avait été condamné en 2010 pour « tentative de renversement du pouvoir populaire ». Membre fondateur d’un petit groupe nommé « Association de la jeunesse démocratique », il avait été arrêté le 7 juillet 2009. En janvier 2010, il avait été condamné à sept ans de prison. La délibération des juges avait duré 15 minutes. Mais il avait fallu 45 minutes pour lire la sentence prétendument issue de cette délibération.
Il ne fait pas de doute pour les intéressés comme pour beaucoup d’observateurs que ces libérations anticipées sont le résultat des très nombreuses pressions internationales exercées sur les autorités vietnamiennes.
Dans une émission en langue vietnamienne, diffusée par la BBC le 13 avril 2014, un ancien diplomate vietnamien a déclaré que cette série de libération anticipées était surtout le signe d’une une nouvelle stratégie du gouvernement en matière de politique internationale. Il a en particulier insisté sur la nouvelle image que l’Etat vietnamien veut présenter au monde, depuis qu’il a obtenu d’être membre du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies. C’est aussi, a-t-il affirmé, une façon de desserrer l’étau de la Chine, dont les ambitions territoriales sont de plus en plus visibles, en se rapprochant des puissances occidentales, en particulier des Etats-Unis qui exercent une pression constante dans le domaine humanitaire.(eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 18 avril 2014)