Trois jours après la manifestation géante du 1er juillet, la tension reste forte à Hongkong. Manifester est une notion qui a encore du mal à être admise par les autorités chinoises. Plus de cinq cents personnes ont été arrêtées tôt mercredi matin par la police à l’issue de la manifestation pro-démocratie qui a réuni un demi-million de personnes à Hongkong à l'occasion de l'anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine.

Ces manifestants refusaient de quitter le quartier des affaires situé au cœur de la ville où ils avaient défilé un peu plus tôt. Mardi, les Hongkongais réclamaient l’instauration d’une véritable démocratie pour leur territoire. Parmi leurs revendications, celle de choisir le chef de l’exécutif sans que Pékin n’interfère et n’impose son candidat comme c’est le cas depuis 1997, date du retour de Hongkong dans le giron chinois.

Paul Wong est un jeune catholique de Hongkong, marié depuis quelques années. Le couple n’a pas – encore – d’enfants. Il témoigne ici de son engagement pour la promotion de la démocratie dans la Région administrative spéciale de Hongkong. « Pour moi et pour bon nombre de Hongkongais, la publication du Livre blanc par Pékin le 11 juin dernier a été une véritable provocation : le gouvernement chinois estime que la population de Hongkong est trop remuante et pas assez obéissante. Il la rappelle à l’ordre. Il voudrait que nous devenions comme les citoyens de la République populaire, des Chinois soumis et prêts à approuver tout ce qu’il décrète. Nous ne nous laisserons pas faire. »

Paul Wong a suivi le cardinal Zen dans son périple à pied qui l’a conduit dans tous les quartiers du territoire pour promouvoir le vote citoyen pour la démocratie (un référendum non officiel et non reconnu par le gouvernement). En principe, le cardinal n’avait pas le droit d’être accompagné par plus de 30 personnes à la fois car, au-dessus de ce chiffre, tout rassemblement devient illégal sauf à avoir été autorisé au préalable. Mais, très vite, le nombre de ceux qui soutenaient Mgr Zen, chrétiens ou non, a augmenté, variant entre 300 et 500 personnes selon les jours. « Notre marche étant très pacifique, la police n’est pas intervenue », rapporte Paul Wong.

« Quand le jour du référendum est arrivé, le dimanche 22 juin dernier, j’ai eu la joie de constater que ma paroisse accueillait un bureau de vote et que beaucoup de paroissiens, avant ou après les messes, allaient voter sans même que les prêtres ne les aient encourager à le faire. Moi, j’ai téléphoné à mes parents et amis, leur ai envoyé des SMS pour les inciter à s’exprimer. Je leur ai expliqué qu’il fallait voter pour que nos enfants, plus tard, puissent bénéficier de la même liberté que celle dont nous jouissons encore aujourd’hui. » Résultat, dans l’ensemble du territoire, 800 000 votes ont été enregistrés malgré les mises en garde du gouvernement qui annonçait que le désordre pourrait s’inviter à cette occasion.

« Le 1er juillet, jour anniversaire du retour de Hongkong dans le giron chinois, j’ai participé à la grande manifestation contre le gouvernement local, qui écoute Pékin plus qu’il n’écoute ses citoyens. Là encore grand succès, il y a eu 510 000 manifestants dont certains venus du Continent et de Macao (mais plus de 500 arrestations). On dit que Pékin ne cèdera pas sous la menace, il ne veut pas perdre la face. Moi, je crois que la détermination des Hongkongais finira par avoir le dessus. Notre territoire rapporte beaucoup d’argent à la Chine, elle ne veut pas tuer la poule aux œufs d’or en intervenant brutalement. Il faudra se battre longtemps, avec beaucoup de détermination. Mais les Hongkongais ont acquis, ces dernières années, une certaine maturité politique, il sera difficile de leur faire faire marche arrière », conclut le jeune Hongkongais. (eda/ra)

(Source: Eglises d'Asie, le 4 juillet 2014)