La salle de presse du Saint-Siège a annoncé mercredi dernier des modifications dans le programme de la visite que le pape François effectuera en Birmanie. Des ajustements significatifs qui témoignent de la volonté du pape de rencontrer l’ensemble des artisans de la réconciliation de la nation birmane, « nation blessée ».
Mercredi 22 novembre, la salle de presse du Saint-Siège a annoncé que le Saint-Père prendra part à une rencontre interreligieuse, le 28 novembre, et qu’il rencontrera le commandant en chef des forces armées birmanes, le général Min Aung Hlaing, le jeudi 30. Ces deux rencontrent supplémentaires, à caractère religieux et politique, permettent au Saint-Père de rencontrer l’ensemble des artisans susceptibles de jouer un rôle dans la réconciliation du pays.
En tant que chef d’Etat, il était prévu que le Saint-Père rencontre le discret Président de la République de l’Union du Myanmar, U Htin Kyaw, puis la Conseillère d'État et Ministre des Affaires étrangères, dirigeante de facto du pays depuis les élections de novembre 2015, Aung San Suu Kyi, le mardi 28 novembre, à Naypyidaw. Le poste de Président est occupé par un fidèle d’Aung San Suu Kyi, car celle-ci ne pouvait accéder à la fonction suprême puisqu’une clause de la Constitution l’en empêche. Ce gouvernement avait fait de la relance du processus de paix une de ses priorités.
Une rencontre politique avec un représentant de la Tatmadaw, l’institution militaire
N’était donc initialement pas prévue de rencontre avec un représentant de la Tatmadaw, l’institution militaire, alors que celle-ci contrôle 25% du parlement et dirige trois ministères régaliens, ceux de l’Intérieur, des Affaires frontalières et de la Défense. Le dernier épisode de violences dans l’Etat d’Arakan, qui a conduit plus de 600 000 Rohingyas, minorité musulmane apatride de l’ouest de la Birmanie, à fuir vers le Bangladesh, a d’ailleurs mis en lumière les limites de l’autorité d’Aung San Suu Kyi et de la branche civile de son gouvernement, et révélé l’étendue des pouvoirs des militaires, sans en dévoiler toutes les subtilités.
Dans ce pays où existent plus de 135 minorités officielles, les conflits entre les autorités centrales et les minorités ethniques sont anciens et nombreux, souvent liés à des enjeux économiques. La Birmanie dispose en effet de ressources naturelles nombreuses, longtemps confisquées par les autorités militaires, et dont les groupes ethniques revendiquent une partie.
La rencontre prévue avec le général Min Aung Hlaing permettra donc au pape François de s’entretenir directement avec l’un des dirigeants du pays, d’autant que l’image de l’institution militaire a beaucoup changé depuis l’ouverture du pays. Après avoir suscité beaucoup de dégout pour avoir tenu le pays d’une main de fer pendant un demi-siècle, elle est perçue, par la majorité bouddhiste du pays, comme le défenseur de la nation qui riposte face aux agresseurs.
Encourager les responsables religieux à prêcher l’amour et la paix
Par ailleurs, en tant que responsable spirituel, il était prévu que le pape François rencontre la communauté catholique, qu’il vient conforter dans sa foi, et les bonzes du comité d’Etat de la Sangha Maha Nayaka, la plus haute autorité du clergé bouddhiste du pays, créée, désignée et dirigée par les autorités. La rencontre interreligieuse, annoncée le 22 novembre, lui permettra de s’entretenir avec les responsables religieux de la mosaïque des peuples de l’Union birmane.
En mai 2017, le cardinal Charles Bo confiait à Eglises d’Asie regretter que les responsables des différentes religions de Birmanie, « nation blessée », ne portent pas davantage le message de paix. Et de dénoncer les silences observés par certains, les discours de haine tenus par d’autres, des moines bouddhistes extrémistes mais aussi par des chrétiens, en particulier « des pasteurs de Myitkyina et des membres de la KIA qui encouragent la poursuite des combats. »
L’Eglise catholique locale, minoritaire mais de plus en plus nombreuse selon le recensement de 2014, a fait de la réconciliation et du dialogue ses priorités. Elle entend jouer un rôle de médiation entre les groupes ethniques insurgés et les autorités centrales. Dans un message vidéo, le pape a indiqué venir à sa rencontre, pour la « confirmer dans sa foi en Dieu et dans son témoignage de l’Evangile, qui exige d’ouvrir nos cœurs aux autres, spécialement aux pauvres et à ceux dans le besoin » et pour « encourager chaque effort voué à construire harmonie et coopération dans le service du bien commun ». Un message de paix et de réconciliation.
(Source: Eglises d'Asie, le 24 novembre 2017)
Mercredi 22 novembre, la salle de presse du Saint-Siège a annoncé que le Saint-Père prendra part à une rencontre interreligieuse, le 28 novembre, et qu’il rencontrera le commandant en chef des forces armées birmanes, le général Min Aung Hlaing, le jeudi 30. Ces deux rencontrent supplémentaires, à caractère religieux et politique, permettent au Saint-Père de rencontrer l’ensemble des artisans susceptibles de jouer un rôle dans la réconciliation du pays.
En tant que chef d’Etat, il était prévu que le Saint-Père rencontre le discret Président de la République de l’Union du Myanmar, U Htin Kyaw, puis la Conseillère d'État et Ministre des Affaires étrangères, dirigeante de facto du pays depuis les élections de novembre 2015, Aung San Suu Kyi, le mardi 28 novembre, à Naypyidaw. Le poste de Président est occupé par un fidèle d’Aung San Suu Kyi, car celle-ci ne pouvait accéder à la fonction suprême puisqu’une clause de la Constitution l’en empêche. Ce gouvernement avait fait de la relance du processus de paix une de ses priorités.
Une rencontre politique avec un représentant de la Tatmadaw, l’institution militaire
N’était donc initialement pas prévue de rencontre avec un représentant de la Tatmadaw, l’institution militaire, alors que celle-ci contrôle 25% du parlement et dirige trois ministères régaliens, ceux de l’Intérieur, des Affaires frontalières et de la Défense. Le dernier épisode de violences dans l’Etat d’Arakan, qui a conduit plus de 600 000 Rohingyas, minorité musulmane apatride de l’ouest de la Birmanie, à fuir vers le Bangladesh, a d’ailleurs mis en lumière les limites de l’autorité d’Aung San Suu Kyi et de la branche civile de son gouvernement, et révélé l’étendue des pouvoirs des militaires, sans en dévoiler toutes les subtilités.
Dans ce pays où existent plus de 135 minorités officielles, les conflits entre les autorités centrales et les minorités ethniques sont anciens et nombreux, souvent liés à des enjeux économiques. La Birmanie dispose en effet de ressources naturelles nombreuses, longtemps confisquées par les autorités militaires, et dont les groupes ethniques revendiquent une partie.
La rencontre prévue avec le général Min Aung Hlaing permettra donc au pape François de s’entretenir directement avec l’un des dirigeants du pays, d’autant que l’image de l’institution militaire a beaucoup changé depuis l’ouverture du pays. Après avoir suscité beaucoup de dégout pour avoir tenu le pays d’une main de fer pendant un demi-siècle, elle est perçue, par la majorité bouddhiste du pays, comme le défenseur de la nation qui riposte face aux agresseurs.
Encourager les responsables religieux à prêcher l’amour et la paix
Par ailleurs, en tant que responsable spirituel, il était prévu que le pape François rencontre la communauté catholique, qu’il vient conforter dans sa foi, et les bonzes du comité d’Etat de la Sangha Maha Nayaka, la plus haute autorité du clergé bouddhiste du pays, créée, désignée et dirigée par les autorités. La rencontre interreligieuse, annoncée le 22 novembre, lui permettra de s’entretenir avec les responsables religieux de la mosaïque des peuples de l’Union birmane.
En mai 2017, le cardinal Charles Bo confiait à Eglises d’Asie regretter que les responsables des différentes religions de Birmanie, « nation blessée », ne portent pas davantage le message de paix. Et de dénoncer les silences observés par certains, les discours de haine tenus par d’autres, des moines bouddhistes extrémistes mais aussi par des chrétiens, en particulier « des pasteurs de Myitkyina et des membres de la KIA qui encouragent la poursuite des combats. »
L’Eglise catholique locale, minoritaire mais de plus en plus nombreuse selon le recensement de 2014, a fait de la réconciliation et du dialogue ses priorités. Elle entend jouer un rôle de médiation entre les groupes ethniques insurgés et les autorités centrales. Dans un message vidéo, le pape a indiqué venir à sa rencontre, pour la « confirmer dans sa foi en Dieu et dans son témoignage de l’Evangile, qui exige d’ouvrir nos cœurs aux autres, spécialement aux pauvres et à ceux dans le besoin » et pour « encourager chaque effort voué à construire harmonie et coopération dans le service du bien commun ». Un message de paix et de réconciliation.
(Source: Eglises d'Asie, le 24 novembre 2017)