L’ensemble du diocèse de Vinh s’était puissamment mobilisé il y a un an et demi, en juillet 2009 (1), après la violente agression policière dont avait été victime un groupe de catholiques rassemblés sur le terrain de l’église de Tam Toa (ville de Dông Hoi, province de Quang Binh), détruite pendant la guerre, fermée au culte et transformée en 1997 en monument commémoratif. Depuis, la tension a quelque peu baissé et le début d’un accord semble avoir été trouvé entre les autorités civiles et ecclésiastiques.

Le Comité populaire de la province de Quang Binh vient de donner l’autorisation de construire une église nouvelle sur un terrain situé à l’intérieur de la ville de Dông Hoi et jugé adéquat par les responsables catholiques. Interrogé il y a peu, le nouvel évêque de Vinh, Mgr Nguyên Thai Hop, a publiquement déclaré: « En principe, un accord a été conclu concernant le terrain où sera construite l’église nouvelle. J’ai nommé un curé à Tam Toa, une nomination qui a été acceptée par les autorités » (2). Mardi 25 janvier 2011, une délégation de l’évêché de Vinh rendant visite aux autorités civiles à l’occasion du Nouvel An a appris de certains interlocuteurs que les choses pourraient être réglées au cours du premier trimestre. Il y aurait alors une déclaration officielle.

Selon le nouveau curé de Tam Toa, nommé en juillet 2010, le diocèse avait demandé aux autorités provinciales un terrain d’une superficie de 9 600 m². Le terrain sur lequel les deux parties se sont accordées aura une surface moins importante, mais aura l’avantage d’être situé en plein centre de la ville de Dông Hoi, à environ 1 km de la route nationale

Depuis 1997 et la transformation de l’église détruite en monument commémoratif des crimes de guerre américains, la communauté catholique de Dông Hoi n’avait plus de lieu de culte. Encore aujourd’hui, les célébrations dominicales ont lieu dans une habitation privée à trois étages. La messe est célébrée au rez-de-chaussée et les quelque 400 fidèles présents se pressent aux étages où des écrans leur permettent de suivre les cérémonies. Cependant, l’augmentation des fidèles fréquentant ce lieu de culte rend la sécurité du bâtiment de plus en plus aléatoire.

Depuis 1997, les catholiques ont multiplié les demandes de terrain pour y bâtir une église. Les réponses et les offres insatisfaisantes des autorités ont provoqué de nombreux conflits, en particulier celui qui a éclaté au mois de juillet 2009 lorsque les catholiques, excédés, ont tenté de récupérer le terrain de l’église et d’y construire un hangar pour tenir leurs célébrations.

Le 20 juillet 2009, une bagarre générale avait opposé des catholiques de la paroisse de Tam Toa aux forces de la police locale aidées par des membres de la milice et des hommes de main recrutée par la Sécurité publique. Ces forces de police étaient intervenues pour détruire la construction provisoire installée sur le terrain de l’église pour les besoins du culte. Elles avaient agressé les prêtres, les religieux et les laïcs présents sur les lieux, infligeant des blessures à un certain nombre et arrêtant dix-neuf d’entre eux.

Cette agression avait ému l’ensemble des 500 000 catholiques du diocèse de Vinh. Des communiqués de l’évêché avaient vivement protesté et demandé aux catholiques d’être solidaires des paroissiens de Tam Toa. L’évêque, alors en voyage aux Etats-Unis, avait exprimé publiquement son soutien à la paroisse victime de la violence policière. Toutes les paroisses du diocèse avaient affiché leur solidarité sur des calicots accrochés au-dessus des portes des églises. Le 15 août suivant, venus de l’ensemble du diocèse, plus de 200 000 catholiques s’étaient réunis autour de leur évêque pour signifier leur communion avec les paroissiens de Tam Toa.

(1) Voir EDA 512, 513, 514, 516, 519
(2) Radio Free Asia, 30 janvier 2011.

(Source: Eglises d'Asie, 3 février 2011)