Depuis quelques mois, les informations sont devenues rares sur le sort de Côn Dâu, la paroisse catholique sacrifiée au développement tentaculaire de la ville de Danang. Le nom de cette paroisse vient cependant d’être évoqué à nouveau en public le 29 novembre dernier, à Hanoi. Farida Shaheeed, rapporteur
spécial des Nations Unies pour les droits culturels, y a fait connaître, dans une conférence de presse, un premier bilan d’une visite de près de deux semaines au Vietnam. Elle a longuement mentionné la tragique destinée de la communauté catholique de Côn Dâu, qu’elle a tenu à rencontrer au cours de son voyage (1).
L’affaire de Côn Dâu a commencé en 2009 avec la mise en œuvre d’un projet d’une « zone urbaine écologique », extension de la troisième plus grande ville du Vietnam, Danang. Ce projet condamnait à la disparition la paroisse de Côn Dâu. La population, dans son ensemble, refusa l’expropriation et l’indemnisation qui lui étaient proposées. Ce refus, à partir du début de l’année 2010, se transforma en véritable affrontement entre la communauté paroissiale et les forces de l’ordre du district. La situation s’envenima gravement au mois de mai 2010 lorsque, malgré les interdictions, un cortège funéraire essaya de transporter la dépouille d’une défunte jusqu’au cimetière. Les forces de l’ordre chargèrent la foule et de nombreuses arrestations eurent lieu. Peu après, un jeune paroissien mourait des suites des mauvais traitements infligés par la police dans le cadre de l’affaire. Enfin, le Tribunal populaire de Danang jugea et condamna en première instance et en appel (janvier 2011), quelques-uns des paroissiens arrêtés lors de la bagarre avec les forces de l’ordre aux portes du cimetière. Entre temps, un certain nombre de paroissiens, davantage menacés par la police, s’était exilé en Thaïlande (2).
Pour la représentante des Nations unies en matière culturelle, l’affaire de Côn Dâu est une illustration des conséquences désastreuses que peuvent entraîner l’expropriation contrainte des terres et la disparition du mode de vie traditionnel. « Je sais, a-t-elle affirmé, que les paroissiens de Côn Dâu sont encore aujourd’hui contraints de quitter la terre où ils vivent depuis toujours pour laisser la place à des immeubles privés. J’espère que le gouvernement pourra intervenir à temps pour régler cette affaire. D’une façon générale, je conseille au gouvernement de garantir la propriété collective des terres pour les communautés désirant préserver et développer leur mode de vie traditionnel fondé sur l’agriculture, l’élevage ou encore la pêche. »
Selon Radio Free Asia (2), avant d’accomplir son voyage au Vietnam, Farida Shaheeed a pu rencontrer le représentant des paroissiens de Côn Dâu, exilés aux Etats-Unis. Celui-ci lui avait remis un compte-rendu sur l’accaparement des terres de Côn Dâu par les autorités locales. D’autres renseignements lui avaient été fournis depuis Bangkok, où certains paroissiens de Côn Dâu sont venus demander l’asile.
Lors de son voyage au Vietnam, Farida Shaheed s’est rendue sur les lieux. Elle a pu, ensuite, s’entretenir avec des représentantes de la communauté paroissiale. L’une d’entre elles lui a expliqué que la population avait refusé de quitter le village non pas pour préserver des intérêts personnels mais pour garder inchangé un mode de vie religieuse et culturelle transmis par les ancêtres. Ce refus était d’autant plus motivé que leurs terres leur étaient confisquées non pour y construire des hôpitaux ou des institutions au service du bien commun mais des demeures privées pour personnes aisées.
Malgré les pressions de toutes sortes exercées sur la population, malgré les expulsions forcées, il reste encore 117 familles dans la paroisse. Cependant, l’ancien mode de vie a été considérablement modifié, en particulier la vie religieuse, autrefois rythmée dans la journée par les prières du matin et du soir, et, durant l’année, par les diverses fêtes liturgiques.
Les premiers paroissiens de Côn Dâu demandeurs l’asile en Thaïlande ont pu bénéficier d’un visa d’entrée pour les Etats-Unis où ils se sont installés. Ils sont encore 41 en Thaïlande. Trente d’entre eux ont déjà accompli les formalités préalables à leur départ aux Etats-Unis. (eda/jm)
(1) Les propos de Farida Shaheeed ont été rapporté par Radio Free Asia, émissions en vietnamien, 3 décembre 2013.
(2) Eglises d’Asie a régulièrement rendu compte de cette affaire à partir de janvier 2010 (voir EDA 523 et suivants).
Copyright: légende photo: Farida Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU pour les affaires culturelles.
(Source: Eglises d'Asie, le 5 décembre 2013)
L’affaire de Côn Dâu a commencé en 2009 avec la mise en œuvre d’un projet d’une « zone urbaine écologique », extension de la troisième plus grande ville du Vietnam, Danang. Ce projet condamnait à la disparition la paroisse de Côn Dâu. La population, dans son ensemble, refusa l’expropriation et l’indemnisation qui lui étaient proposées. Ce refus, à partir du début de l’année 2010, se transforma en véritable affrontement entre la communauté paroissiale et les forces de l’ordre du district. La situation s’envenima gravement au mois de mai 2010 lorsque, malgré les interdictions, un cortège funéraire essaya de transporter la dépouille d’une défunte jusqu’au cimetière. Les forces de l’ordre chargèrent la foule et de nombreuses arrestations eurent lieu. Peu après, un jeune paroissien mourait des suites des mauvais traitements infligés par la police dans le cadre de l’affaire. Enfin, le Tribunal populaire de Danang jugea et condamna en première instance et en appel (janvier 2011), quelques-uns des paroissiens arrêtés lors de la bagarre avec les forces de l’ordre aux portes du cimetière. Entre temps, un certain nombre de paroissiens, davantage menacés par la police, s’était exilé en Thaïlande (2).
Pour la représentante des Nations unies en matière culturelle, l’affaire de Côn Dâu est une illustration des conséquences désastreuses que peuvent entraîner l’expropriation contrainte des terres et la disparition du mode de vie traditionnel. « Je sais, a-t-elle affirmé, que les paroissiens de Côn Dâu sont encore aujourd’hui contraints de quitter la terre où ils vivent depuis toujours pour laisser la place à des immeubles privés. J’espère que le gouvernement pourra intervenir à temps pour régler cette affaire. D’une façon générale, je conseille au gouvernement de garantir la propriété collective des terres pour les communautés désirant préserver et développer leur mode de vie traditionnel fondé sur l’agriculture, l’élevage ou encore la pêche. »
Selon Radio Free Asia (2), avant d’accomplir son voyage au Vietnam, Farida Shaheeed a pu rencontrer le représentant des paroissiens de Côn Dâu, exilés aux Etats-Unis. Celui-ci lui avait remis un compte-rendu sur l’accaparement des terres de Côn Dâu par les autorités locales. D’autres renseignements lui avaient été fournis depuis Bangkok, où certains paroissiens de Côn Dâu sont venus demander l’asile.
Lors de son voyage au Vietnam, Farida Shaheed s’est rendue sur les lieux. Elle a pu, ensuite, s’entretenir avec des représentantes de la communauté paroissiale. L’une d’entre elles lui a expliqué que la population avait refusé de quitter le village non pas pour préserver des intérêts personnels mais pour garder inchangé un mode de vie religieuse et culturelle transmis par les ancêtres. Ce refus était d’autant plus motivé que leurs terres leur étaient confisquées non pour y construire des hôpitaux ou des institutions au service du bien commun mais des demeures privées pour personnes aisées.
Malgré les pressions de toutes sortes exercées sur la population, malgré les expulsions forcées, il reste encore 117 familles dans la paroisse. Cependant, l’ancien mode de vie a été considérablement modifié, en particulier la vie religieuse, autrefois rythmée dans la journée par les prières du matin et du soir, et, durant l’année, par les diverses fêtes liturgiques.
Les premiers paroissiens de Côn Dâu demandeurs l’asile en Thaïlande ont pu bénéficier d’un visa d’entrée pour les Etats-Unis où ils se sont installés. Ils sont encore 41 en Thaïlande. Trente d’entre eux ont déjà accompli les formalités préalables à leur départ aux Etats-Unis. (eda/jm)
(1) Les propos de Farida Shaheeed ont été rapporté par Radio Free Asia, émissions en vietnamien, 3 décembre 2013.
(2) Eglises d’Asie a régulièrement rendu compte de cette affaire à partir de janvier 2010 (voir EDA 523 et suivants).
Copyright: légende photo: Farida Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU pour les affaires culturelles.
(Source: Eglises d'Asie, le 5 décembre 2013)