Voilà près de six ans que la paroisse de Côn Dâu été condamnée à disparaître pour laisser la place à une zone urbaine dite « écologique ». Pourtant, un certain nombre de paroissiens encore sur place continuent de résister à l’ordre d’expropriation, obligeant les forces de police à venir les expulser et détruire leur demeure.
Hier encore, le 27 mars 2014, les autorités du district de Cam Lê (duquel dépend la paroisse) ont utilisé la force pour expulser plusieurs familles et détruire leur maison. Les familles concernées avaient reçu, une semaine auparavant, un avis officiel fixant au 26 mars l’intervention policière. Celle-ci a été repoussée au lendemain en raison d’une fête officielle devant se dérouler le jour prévu.
La page Facebook « Côn Dâu, mon village », on peut lire : « A 7 heures du matin, les forces policières ont cerné le quartier où devait avoir lieu l’expulsion et bloqué tous les chemins y accédant. Les forces mobilisées, très nombreuses, étaient composées d’agents de la police, de la Sécurité publique, de l’armée. Elles étaient accompagnées de toutes sortes de véhicules, y compris de bulldozers et d’ambulances… »
La veille, l’eau et l’électricité avaient été coupées dans les maisons destinées à être détruites. C’est donc dans une obscurité totale que les agents pénétrèrent dans chacune des maisons concernées pour y lire le décret ordonnant l’expropriation. Son application a eu lieu immédiatement après.
C’est au mois de mai 2007 que la municipalité de Da Nang a fait connaître son projet. 430 ha de terrain allaient être vendus à des investisseurs étrangers pour y construire une zone résidentielle de luxe. Les 110 ha de la paroisse de Côn Dâu, son église, ses habitations et ses rizières constituaient une partie importante du territoire en question. Tous ses habitants, sans exception, devaient être expropriés et indemnisés puis déplacés et réinstallés dans une autre région. L’indemnisation prévue correspondait à moins de la moitié du prix du marché.
A partir de mars 2008, les autorités municipales commencèrent à convoquer les habitants de la région où devait se réaliser le projet pour les convaincre d’accepter l’expropriation et l’indemnisation proposée. Après une certaine résistance, les habitants des villages voisins de la paroisse de Côn Dâu se sont soumis aux volontés de la municipalité de Da Nang, car beaucoup d’entre eux étaient fonctionnaires et très dépendants du gouvernement pour leur subsistance.
Ce ne fut pas le cas de la paroisse où la résistance fut dès le début totale et pratiquement unanime. Dans leur majorité, les paroissiens considéraient le territoire de leur village comme une terre sainte sur laquelle, depuis 135 ans, leurs ancêtres et eux-mêmes avaient vécu leur vie chrétienne, assisté à la messe quotidienne, participé aux prières communes du matin et du soir. C’est le principal argument sur lequel ils s’appuyaient dans les lettres de protestation qu’ils envoyèrent tous azimuts.
A partir du 25 janvier 2010, les pressions exercées par la municipalité de Danang sur les habitants de Côn Dâu s’intensifièrent. Des forces de police furent envoyées sur les lieux. Des émissaires pénétrèrent dans les maisons pour essayer de faire signer des accords d’expropriation. Les résultats furent maigres. Seules dix familles sur les 400 demeurant sur la paroisse acceptèrent de signer.
Ce désaccord se transforma bientôt en véritable affrontement entre la communauté paroissiale et les forces de l’ordre du district. La situation s’envenima gravement au mois de mai 2010 lorsque, malgré les interdictions, un cortège funéraire essaya de transporter la dépouille d’une défunte jusqu’au cimetière. Les forces de l’ordre chargèrent la foule et de nombreuses arrestations eurent lieu. Peu après, un jeune paroissien mourait des suites des mauvais traitements infligés par la police dans le cadre de l’affaire. Enfin, le Tribunal populaire de Danang jugea et condamna en première instance et en appel (janvier 2011), quelques-uns des paroissiens arrêtés lors de la bagarre avec les forces de l’ordre aux portes du cimetière. Entre temps, un certain nombre de paroissiens, davantage menacés par la police, s’était exilé en Thaïlande (1).
Les premiers paroissiens de Côn Dâu demandeurs l’asile en Thaïlande ont pu bénéficier d’un visa d’entrée pour les Etats-Unis où ils se sont installés. Ils sont encore quelques-uns à attendre leur visa en Thaïlande. (eda/jm)
(1) Eglises d’Asie a régulièrement rendu compte de cette affaire à partir de janvier 2010 (voir EDA 523 et suivants).
(Source: Eglises d'Asie, le 28 mars 2014)
Hier encore, le 27 mars 2014, les autorités du district de Cam Lê (duquel dépend la paroisse) ont utilisé la force pour expulser plusieurs familles et détruire leur maison. Les familles concernées avaient reçu, une semaine auparavant, un avis officiel fixant au 26 mars l’intervention policière. Celle-ci a été repoussée au lendemain en raison d’une fête officielle devant se dérouler le jour prévu.
La page Facebook « Côn Dâu, mon village », on peut lire : « A 7 heures du matin, les forces policières ont cerné le quartier où devait avoir lieu l’expulsion et bloqué tous les chemins y accédant. Les forces mobilisées, très nombreuses, étaient composées d’agents de la police, de la Sécurité publique, de l’armée. Elles étaient accompagnées de toutes sortes de véhicules, y compris de bulldozers et d’ambulances… »
La veille, l’eau et l’électricité avaient été coupées dans les maisons destinées à être détruites. C’est donc dans une obscurité totale que les agents pénétrèrent dans chacune des maisons concernées pour y lire le décret ordonnant l’expropriation. Son application a eu lieu immédiatement après.
C’est au mois de mai 2007 que la municipalité de Da Nang a fait connaître son projet. 430 ha de terrain allaient être vendus à des investisseurs étrangers pour y construire une zone résidentielle de luxe. Les 110 ha de la paroisse de Côn Dâu, son église, ses habitations et ses rizières constituaient une partie importante du territoire en question. Tous ses habitants, sans exception, devaient être expropriés et indemnisés puis déplacés et réinstallés dans une autre région. L’indemnisation prévue correspondait à moins de la moitié du prix du marché.
A partir de mars 2008, les autorités municipales commencèrent à convoquer les habitants de la région où devait se réaliser le projet pour les convaincre d’accepter l’expropriation et l’indemnisation proposée. Après une certaine résistance, les habitants des villages voisins de la paroisse de Côn Dâu se sont soumis aux volontés de la municipalité de Da Nang, car beaucoup d’entre eux étaient fonctionnaires et très dépendants du gouvernement pour leur subsistance.
Ce ne fut pas le cas de la paroisse où la résistance fut dès le début totale et pratiquement unanime. Dans leur majorité, les paroissiens considéraient le territoire de leur village comme une terre sainte sur laquelle, depuis 135 ans, leurs ancêtres et eux-mêmes avaient vécu leur vie chrétienne, assisté à la messe quotidienne, participé aux prières communes du matin et du soir. C’est le principal argument sur lequel ils s’appuyaient dans les lettres de protestation qu’ils envoyèrent tous azimuts.
A partir du 25 janvier 2010, les pressions exercées par la municipalité de Danang sur les habitants de Côn Dâu s’intensifièrent. Des forces de police furent envoyées sur les lieux. Des émissaires pénétrèrent dans les maisons pour essayer de faire signer des accords d’expropriation. Les résultats furent maigres. Seules dix familles sur les 400 demeurant sur la paroisse acceptèrent de signer.
Ce désaccord se transforma bientôt en véritable affrontement entre la communauté paroissiale et les forces de l’ordre du district. La situation s’envenima gravement au mois de mai 2010 lorsque, malgré les interdictions, un cortège funéraire essaya de transporter la dépouille d’une défunte jusqu’au cimetière. Les forces de l’ordre chargèrent la foule et de nombreuses arrestations eurent lieu. Peu après, un jeune paroissien mourait des suites des mauvais traitements infligés par la police dans le cadre de l’affaire. Enfin, le Tribunal populaire de Danang jugea et condamna en première instance et en appel (janvier 2011), quelques-uns des paroissiens arrêtés lors de la bagarre avec les forces de l’ordre aux portes du cimetière. Entre temps, un certain nombre de paroissiens, davantage menacés par la police, s’était exilé en Thaïlande (1).
Les premiers paroissiens de Côn Dâu demandeurs l’asile en Thaïlande ont pu bénéficier d’un visa d’entrée pour les Etats-Unis où ils se sont installés. Ils sont encore quelques-uns à attendre leur visa en Thaïlande. (eda/jm)
(1) Eglises d’Asie a régulièrement rendu compte de cette affaire à partir de janvier 2010 (voir EDA 523 et suivants).
(Source: Eglises d'Asie, le 28 mars 2014)