Voici une information qui contraste avec les épisodes tragiques de l’histoire du petit village catholique de Côn Dâu, au Centre-Vietnam, ces dix dernières années. En 2007, les autorités municipales de Da Nang avaient décrété sa disparition au profit d’une nouvelle zone urbaine plus moderne et, surtout, davantage apte à attirer les investisseurs étrangers. Menaces, expropriations, arrestations, violences policières (une d’entre elles a entraîné mort
d’homme), procès et condamnations se sont alors succédés, suivis de l’exil en Thaïlande puis aux Etats-Unis d’une partie de la population, refusant d’habiter un autre lieu au Vietnam que le village construit autour de l’église par leurs ancêtres.
Un événement vient aujourd’hui changer le cours des choses : l’acceptation par les autorités du retour sur les lieux de plus d’une centaine de familles de paroissiens de Côn Dâu. Elles vont revenir vivre et résider autour de leur église, comme autrefois… Ce retour au village des origines était le vœu profond des paroissiens. Pendant dix ans, ils avaient résisté à leur expulsion et aux tentatives des autorités de s’emparer par la violence de ce village créé par la communauté catholique, il y a plus de 150 ans.
« Une décision encourageante après dix années de lutte acharnée »
La nouvelle a été annoncée par l’organe régional de la Sécurité publique, le 12 avril dernier. On y apprend en effet que les autorités municipales de Da Nang sont revenues sur la planification du projet primitif de zone urbaine. L’église, seule construction de l’ancienne paroisse à être sauvegardée dans le projet, devait être entourée d’un parc arboré. Selon les nouvelles décisions, sur la superficie réservée au parc seront construites des maisons destinées à accueillir les anciens habitants du lieu, à savoir les paroissiens de Côn Dâu.
Les autorités municipales ont justifié cette modification du plan initial en expliquant que l’établissement sur les lieux d’une communauté catholique, certes réduite par rapport à l’ancienne paroisse, garantirait la continuation des cérémonies traditionnelles à l’intérieur de l’église, et formerait un environnement esthétiquement adapté à l’ancienne église.
La nouvelle a été bien accueillie par les anciens paroissiens, aujourd’hui dispersés dans le monde. Le représentant de « l’Association des paroissiens de Côn Dâu exilés en Caroline du Nord » a déclaré : « Il s’agit là d’une évolution encourageante qui témoigne du succès remporté par notre paroisse après dix ans de lutte acharnée. » Il a ajouté que certains paroissiens ont sacrifié leur vie dans cette bataille.
La tragique histoire de la paroisse de Côn Dâu a débuté il y a plus de dix ans. Au mois de mai 2007, la municipalité de Da Nang a annoncé son projet : 430 ha de terrain allaient être vendus à des investisseurs étrangers pour y construire une zone résidentielle de luxe. Les 110 ha de la paroisse de Côn Dâu constituaient une partie importante du territoire en question. Tous ses habitants, sans exception, devaient être expropriés et indemnisés puis déplacés et réinstallés dans une autre région. L’indemnisation prévue était inférieure à la moitié du prix du marché.
Des paroissiens exilés aux Etats-Unis
A partir de mars 2008, les autorités municipales commencèrent à convoquer les habitants de la région où devait se réaliser le projet pour les convaincre d’accepter l’expropriation et l’indemnisation proposée. Les villages voisins se sont assez vite soumis aux volontés de la municipalité de Da Nang. Ce n’est pas le cas de la paroisse où la résistance est dès le début totale et quasi unanime. Dans leur majorité, les paroissiens considéraient le territoire de leur village comme une terre sainte sur laquelle, depuis 135 ans, leurs ancêtres et eux-mêmes avaient vécu leur vie chrétienne, assisté à la messe quotidienne, participé aux prières communes du matin et du soir.
A partir du 25 janvier 2010, la pression exercée par la municipalité de Danang sur les habitants de Côn Dâu s’est intensifiée. Des forces de police sont envoyées sur les lieux. Des émissaires pénétrèrent dans les maisons et tentèrent de faire signer des accords d’expropriation. Mais les résultats furent maigres. Seules dix familles sur les 400 demeurant sur la paroisse acceptèrent de signer.
Ce désaccord se transforma bientôt en véritable affrontement. La situation s’envenima gravement au mois de mai 2010 lorsque, malgré les interdictions, un cortège funéraire essaya de transporter la dépouille d’une défunte jusqu’au cimetière. Les forces de l’ordre chargèrent la foule et de nombreuses arrestations eurent lieu. Peu après, un jeune paroissien mourut des suites des mauvais traitements infligés par la police dans le cadre de l’affaire. Enfin, le Tribunal populaire de Danang jugea et condamna en première instance et en appel (janvier 2011), quelques-uns des paroissiens arrêtés lors de la bagarre avec les forces de l’ordre aux portes du cimetière. Entre temps, un certain nombre de paroissiens, davantage menacés par la police, s’était exilé en Thaïlande. Ils seront suivis par plusieurs autres groupes.
Grâce à la compréhension des instances internationales et à la solidarité de la diaspora vietnamienne aux Etats-Unis, les réfugiés de Côn Dâu ont bénéficié du droit d’asile et se sont installés aux Etats-Unis.(eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 2 mai 2017)
Un événement vient aujourd’hui changer le cours des choses : l’acceptation par les autorités du retour sur les lieux de plus d’une centaine de familles de paroissiens de Côn Dâu. Elles vont revenir vivre et résider autour de leur église, comme autrefois… Ce retour au village des origines était le vœu profond des paroissiens. Pendant dix ans, ils avaient résisté à leur expulsion et aux tentatives des autorités de s’emparer par la violence de ce village créé par la communauté catholique, il y a plus de 150 ans.
« Une décision encourageante après dix années de lutte acharnée »
La nouvelle a été annoncée par l’organe régional de la Sécurité publique, le 12 avril dernier. On y apprend en effet que les autorités municipales de Da Nang sont revenues sur la planification du projet primitif de zone urbaine. L’église, seule construction de l’ancienne paroisse à être sauvegardée dans le projet, devait être entourée d’un parc arboré. Selon les nouvelles décisions, sur la superficie réservée au parc seront construites des maisons destinées à accueillir les anciens habitants du lieu, à savoir les paroissiens de Côn Dâu.
Les autorités municipales ont justifié cette modification du plan initial en expliquant que l’établissement sur les lieux d’une communauté catholique, certes réduite par rapport à l’ancienne paroisse, garantirait la continuation des cérémonies traditionnelles à l’intérieur de l’église, et formerait un environnement esthétiquement adapté à l’ancienne église.
La nouvelle a été bien accueillie par les anciens paroissiens, aujourd’hui dispersés dans le monde. Le représentant de « l’Association des paroissiens de Côn Dâu exilés en Caroline du Nord » a déclaré : « Il s’agit là d’une évolution encourageante qui témoigne du succès remporté par notre paroisse après dix ans de lutte acharnée. » Il a ajouté que certains paroissiens ont sacrifié leur vie dans cette bataille.
La tragique histoire de la paroisse de Côn Dâu a débuté il y a plus de dix ans. Au mois de mai 2007, la municipalité de Da Nang a annoncé son projet : 430 ha de terrain allaient être vendus à des investisseurs étrangers pour y construire une zone résidentielle de luxe. Les 110 ha de la paroisse de Côn Dâu constituaient une partie importante du territoire en question. Tous ses habitants, sans exception, devaient être expropriés et indemnisés puis déplacés et réinstallés dans une autre région. L’indemnisation prévue était inférieure à la moitié du prix du marché.
Des paroissiens exilés aux Etats-Unis
A partir de mars 2008, les autorités municipales commencèrent à convoquer les habitants de la région où devait se réaliser le projet pour les convaincre d’accepter l’expropriation et l’indemnisation proposée. Les villages voisins se sont assez vite soumis aux volontés de la municipalité de Da Nang. Ce n’est pas le cas de la paroisse où la résistance est dès le début totale et quasi unanime. Dans leur majorité, les paroissiens considéraient le territoire de leur village comme une terre sainte sur laquelle, depuis 135 ans, leurs ancêtres et eux-mêmes avaient vécu leur vie chrétienne, assisté à la messe quotidienne, participé aux prières communes du matin et du soir.
A partir du 25 janvier 2010, la pression exercée par la municipalité de Danang sur les habitants de Côn Dâu s’est intensifiée. Des forces de police sont envoyées sur les lieux. Des émissaires pénétrèrent dans les maisons et tentèrent de faire signer des accords d’expropriation. Mais les résultats furent maigres. Seules dix familles sur les 400 demeurant sur la paroisse acceptèrent de signer.
Ce désaccord se transforma bientôt en véritable affrontement. La situation s’envenima gravement au mois de mai 2010 lorsque, malgré les interdictions, un cortège funéraire essaya de transporter la dépouille d’une défunte jusqu’au cimetière. Les forces de l’ordre chargèrent la foule et de nombreuses arrestations eurent lieu. Peu après, un jeune paroissien mourut des suites des mauvais traitements infligés par la police dans le cadre de l’affaire. Enfin, le Tribunal populaire de Danang jugea et condamna en première instance et en appel (janvier 2011), quelques-uns des paroissiens arrêtés lors de la bagarre avec les forces de l’ordre aux portes du cimetière. Entre temps, un certain nombre de paroissiens, davantage menacés par la police, s’était exilé en Thaïlande. Ils seront suivis par plusieurs autres groupes.
Grâce à la compréhension des instances internationales et à la solidarité de la diaspora vietnamienne aux Etats-Unis, les réfugiés de Côn Dâu ont bénéficié du droit d’asile et se sont installés aux Etats-Unis.(eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 2 mai 2017)