Dans l’après-midi du 5 avril, au quatrième jour du procès de la famille de Doan Van Vuon, le Tribunal populaire de Hai Phong a fait connaître son verdict. Les deux principaux accusés, Doan Van Vuon et son frère Doan Van Quy sont, l’un et l’autre, condamnés à cinq ans de prison ferme pour « homicide » (1). Le troisième accusé, Doan Van Sinh, écope de trois ans et demi de prison ferme, également pour homicide. Le quatrième, Dao Van Vê, se voit condamné à deux ans de prison ferme pour le même chef d’accusation. Les épouses des deux premiers accusés, Mme Pham Thi Bau et Mme Nguyên Thi Thuong, sont condamnées à des peines de 18 et 15 mois de prison avec sursis pour s’être opposées à un agent gouvernemental dans l’exercice de ses fonctions.
Contrairement à ce que pensaient la plupart des observateurs, le tribunal n’a pas allégé les peines qui, la veille, avaient été requises par le ministère public. Le représentant du Parquet populaire avait prononcé un réquisitoire dans lequel il demandait des peines qui paraissaient modérées par rapport au chef d’accusation retenu (homicide). En effet, le représentant de l’accusation publique avait requis cinq à six ans de prison pour le principal accusé, Doan Van Vuon, ce qui représente moins de la moitié de la peine minimum de 12 ans de prison prévue par le Code pénal pour un homicide avéré, la peine maximum étant la mort. Le procureur avait expliqué que sa décision avait tenu compte de certaines circonstances atténuantes. M. Vuon, avait-il souligné, était une personne de bonne moralité, un ancien militaire dont les déclarations avaient été jugées sincères. Pour les trois autres accusés d’homicide, le ministère public avait requis des peines plus légères : quatre ans et demi à cinq ans de prison pour Doan Van Quy, trois ans et demi à quatre ans de prison pour Doan Van Sinh, et de 24 à 30 mois de prison avec sursis pour Doan Van Ve.
La sentence finale a donc maintenu et même aggravé les condamnations proposées par le Parquet, transformant notamment pour l’un des accusés la peine de prison avec sursis, en prison ferme.
Quelles que soient les raisons de cette légère aggravation des peines dans la sentence finale, la modération du tribunal n’a pas manqué de surprendre l’opinion publique. Dès que le réquisitoire a été connu, beaucoup de personnes ont pensé que la ville de Hai Phong avait baissé la garde devant la pression de l’opinion publique et la vague de réprobation soulevée par le comportement des autorités régionales. Un avocat a également expliqué à Radio Free Asia que les conclusions du tribunal étaient le fruit d’un savant dosage entre diverses pressions contraires : le pouvoir central s’opposant au pouvoir régional, l’opinion publique mettant en cause l’autorité de l’Etat…
Tout au long de ces trois jours de procès, non seulement les dissidents mais aussi les milieux indépendants et une grande partie de la population ont manifesté un soutien massif aux accusés du procès de Hai Phong. Un peu partout, ces derniers ont été considérés comme des héros issus du petit peuple ayant résisté à une décision arbitraire du pouvoir. En témoigne la déclaration de l’écrivain Ta Duy Anh à Radio Free Asia : « L’injustice subie par la famille de Doan Van Vuon est une injustice historique… Depuis 1954 jusqu’à nos jours, il n’y a pas eu dans notre pays d’affaire aussi tragique, aussi douloureuse… Alors que les autorités sont responsables de toute cette affaire, tous les torts sont rejetés sur la famille de M. Vuon. » Non seulement les sites indépendants et les blogueurs ont affiché leur sympathie, mais aussi les organes de la presse officielle qui ont exposé les malheurs de la famille Doan avec beaucoup d’empathie. C’est le cas par exemple du très officiel Vietnam Express dans sa parution du 5 avril où il annonce la décision du tribunal et résume toute l’affaire.
Avant la sentence finale, les accusés ont pu faire une dernière déclaration. Doan Van Vuon a affirmé que lui et ses frères s’étaient opposés à la police parce qu’il ne leur restait pas d’autre solution. Ils n’avaient aucune intention de causer la mort de quiconque sur leurs terres (et il n’y a eu effectivement aucune victime) mais avaient seulement voulu mettre en garde ceux qui y pénétraient. S’il reconnaissait avoir outrepassé les limites de l’autodéfense légitime, le pisciculteur demandait à ce que l’accusation d’homicide ne soit pas maintenue.
(1) Une des particularités du procès de Doan Van Vuon et de ses proches tient au fait que le chef d’accusation retenu est l’homicide quand bien même les accusés n’ont provoqué la mort de personne. Lors de la résistance que les accusés ont opposée aux policiers venus saisir leur propriété, ils ont, semble-t-il, fait usage de leurs armes à feu mais sans tuer ou blesser grièvement personne.
(Source: Eglises d'Asie, 5 avril 2013)
Contrairement à ce que pensaient la plupart des observateurs, le tribunal n’a pas allégé les peines qui, la veille, avaient été requises par le ministère public. Le représentant du Parquet populaire avait prononcé un réquisitoire dans lequel il demandait des peines qui paraissaient modérées par rapport au chef d’accusation retenu (homicide). En effet, le représentant de l’accusation publique avait requis cinq à six ans de prison pour le principal accusé, Doan Van Vuon, ce qui représente moins de la moitié de la peine minimum de 12 ans de prison prévue par le Code pénal pour un homicide avéré, la peine maximum étant la mort. Le procureur avait expliqué que sa décision avait tenu compte de certaines circonstances atténuantes. M. Vuon, avait-il souligné, était une personne de bonne moralité, un ancien militaire dont les déclarations avaient été jugées sincères. Pour les trois autres accusés d’homicide, le ministère public avait requis des peines plus légères : quatre ans et demi à cinq ans de prison pour Doan Van Quy, trois ans et demi à quatre ans de prison pour Doan Van Sinh, et de 24 à 30 mois de prison avec sursis pour Doan Van Ve.
La sentence finale a donc maintenu et même aggravé les condamnations proposées par le Parquet, transformant notamment pour l’un des accusés la peine de prison avec sursis, en prison ferme.
Quelles que soient les raisons de cette légère aggravation des peines dans la sentence finale, la modération du tribunal n’a pas manqué de surprendre l’opinion publique. Dès que le réquisitoire a été connu, beaucoup de personnes ont pensé que la ville de Hai Phong avait baissé la garde devant la pression de l’opinion publique et la vague de réprobation soulevée par le comportement des autorités régionales. Un avocat a également expliqué à Radio Free Asia que les conclusions du tribunal étaient le fruit d’un savant dosage entre diverses pressions contraires : le pouvoir central s’opposant au pouvoir régional, l’opinion publique mettant en cause l’autorité de l’Etat…
Tout au long de ces trois jours de procès, non seulement les dissidents mais aussi les milieux indépendants et une grande partie de la population ont manifesté un soutien massif aux accusés du procès de Hai Phong. Un peu partout, ces derniers ont été considérés comme des héros issus du petit peuple ayant résisté à une décision arbitraire du pouvoir. En témoigne la déclaration de l’écrivain Ta Duy Anh à Radio Free Asia : « L’injustice subie par la famille de Doan Van Vuon est une injustice historique… Depuis 1954 jusqu’à nos jours, il n’y a pas eu dans notre pays d’affaire aussi tragique, aussi douloureuse… Alors que les autorités sont responsables de toute cette affaire, tous les torts sont rejetés sur la famille de M. Vuon. » Non seulement les sites indépendants et les blogueurs ont affiché leur sympathie, mais aussi les organes de la presse officielle qui ont exposé les malheurs de la famille Doan avec beaucoup d’empathie. C’est le cas par exemple du très officiel Vietnam Express dans sa parution du 5 avril où il annonce la décision du tribunal et résume toute l’affaire.
Avant la sentence finale, les accusés ont pu faire une dernière déclaration. Doan Van Vuon a affirmé que lui et ses frères s’étaient opposés à la police parce qu’il ne leur restait pas d’autre solution. Ils n’avaient aucune intention de causer la mort de quiconque sur leurs terres (et il n’y a eu effectivement aucune victime) mais avaient seulement voulu mettre en garde ceux qui y pénétraient. S’il reconnaissait avoir outrepassé les limites de l’autodéfense légitime, le pisciculteur demandait à ce que l’accusation d’homicide ne soit pas maintenue.
(1) Une des particularités du procès de Doan Van Vuon et de ses proches tient au fait que le chef d’accusation retenu est l’homicide quand bien même les accusés n’ont provoqué la mort de personne. Lors de la résistance que les accusés ont opposée aux policiers venus saisir leur propriété, ils ont, semble-t-il, fait usage de leurs armes à feu mais sans tuer ou blesser grièvement personne.
(Source: Eglises d'Asie, 5 avril 2013)